Heureusement que le jugement de Marine Le Pen n'est pas tombé aujourd'hui, on n'y aurait pas cru.
Pour le reste, il n'y a rien à en dire : c'est une décision de justice. La remettre en cause, voilà ce qui attaquerait les fondements de notre démocratie. Rappelons la base : la démocratie repose essentiellement sur la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. Dès que l'on concentre les pouvoirs, dès que le politique flirte avec la justice, l'histoire l'a montré à plusieurs reprises, nous entrons dans autre chose que la démocratie : la dictature, l'autoritarisme, le despotisme. C'est un fait.
Alors oui, Marine Le Pen a été condamnée.
Et c'est pas le bout du monde : pour les millions d'argent public détournés, deux ans avec un bracelet, ça va. Et l'inéligibilité, ma foi, la vie est vaste, il faudra l'envisager autrement qu'en se présentant aux élections, dans les 5 ans qui viennent.
Moi, par exemple, en ce moment, je ne sais pas encore si je me représenterai aux élections. Il faut dire que je traverse une crise de confiance, et que je ne suis pas sûre d'en être digne. Je me pose plus de questions que Madame Le Pen, c'est sûr. Mais il est normal de se les poser, je trouve. C'est assez sain, même si je ne suis pas toujours sûre d'être très saine d'esprit.
Quand on se présente aux élections, je crois qu'il faut le faire avec une haute idée de ce que cela représente. Il faut aussi avoir en permanence en tête que l'on peut ne pas être élu et que c'est normal. Et que l'on peut être inéligible dans certains cas. Ce sont les règles du jeu.
Je comprends pourtant que Marine peut l'avoir mauvaise : sa mine fait peine à voir, depuis hier, la mâchoire déformée, le visage crispée. Mais l'avenir de son parti et de ses idées, malheureusement ne sont pas plus morte que lorsque son père est mort. Réalisons ensemble qu'elle passe une sale année.
Ce qui est un peu plus gênant, à mon avis, c'est qu'elle soit reçue dans les médias, qu'on l'a plaigne, qu'on la soutienne. Qu'on lui offre encore des tribunes. Alors qu'elle est bel et bien coupable. Et pas d'une broutille, pas d'un fait anodin, non. On parle de près de 3 millions d'Euros par an, pendant 11 ans. Quand on fait de la politique, on peut vite perdre le sens des réalités. Mais il s'agit d'argent public.
Je ne comprends pas grand chose aux chiffres, j'avoue. Mais on a voté le budget hier soir au conseil municipal. 3 millions d'Euros, c'est considérable : pour comparaison, pour une ville de presque 15 000 habitants, on a voté un budget d'investissement d'un peu plus de 4 millions. Avec ça, on va faire des tas de choses : réaménager des quartiers, mettre des jeux pour enfants, refaire des routes, planter des arbres, améliorer nos pistes cyclables, soutenir les maraîchers de la ville, rénover des bâtiments, les isoler, refaire des toits, des chauffages, aider des commerçants à s'installer, soutenir l'économie locale et le BTP, animer notre ville...Et j'en passe et des meilleurs. L'argent public est fait pour ça, pas pour payer des faux assistants parlementaires ou le majordome du papa de la patronne du parti.
Quel retournement des valeurs, de faire croire aux gens qu'on veut les priver de démocratie, alors que c'est justement le contraire que cette décision de justice vient sanctionner !