25 mars 2025

Guerre ou pas ?


Est-ce que, vraiment, Poutine pourrait nous faire la guerre ? C’est une question qu’on m’a posée, comme ça, dans la rue, alors que je promenais mon chien. Les gens savent que je suis élue, alors ils me posent des questions, à brûle-pourpoint. C’est une question que mes élèves m’ont posée aussi. Aux élèves, j’ai répondu, tu crois vraiment que c’est le moment, là, entre l’étude de l’anaphore et de l’oxymore ? Revenons à nos moutons. Mais au Monsieur dans la rue, j’ai bafouillé quelque chose du genre “Oui, alors si on considère qu’il fait la guerre à l’Ukraine depuis trois ans, sans franc succès, et avec déjà plus de 100 000 soldats qui y sont passés, paix à leur âme, je ne sais pas bien s’il est capable de venir nous reprendre l’Alsace et la Lorraine, en effet…” En disant cela, bien entendu, je savais bien que je taillais à la hache et que je ne saisissais pas l’entièreté des nuances qui font le charme des relations internationales…Mais mon chien tirait sur sa laisse et ne semblait pas très intéressé par la conversation. 

J’ai pris congé du Monsieur en me promettant toutefois d’y réfléchir plus avant. 

Alors est-ce que, vraiment, Poutine pourrait nous faire la guerre ? Nous allons bientôt recevoir un petit manuel de survie en période de crise, paraît-il. Et la fabrication de lingots d’or en Suisse ne s’est jamais aussi bien portée. Ce ne sont pas des signes très optimistes. 

Pour autant, doit-on vraiment craindre des bombardements, des pénuries, des couvre-feux, des drones, des risques nucléaires ou bactériologiques ? Ce que la télé nous envoie depuis Gaza ou depuis Kiev ? Les souvenirs de guerre transmis par nos aïeux ? L’occupation allemande, les tickets de rationnement, les départs pour le front de ceux qui ont fait l’Algérie ? Nous avons sans doute une idée assez vague de ce que pourrait être une vraie guerre. Encore moins une 3e guerre mondiale. 

Pourtant, Trump s’acoquinant avec Poutine, on ne sait plus trop que penser. 

Tout cela m’évoque la pièce de Giraudoux La Guerre de Troie n’aura pas lieu. Personne ne veut de la guerre, à commencer par l’auteur. Et puis, comme avait prédit Cassandre, celle qui dit la vérité, mais qu’on ne croit pas, la guerre à lieu quand même. Les mécanismes du tragique se mettent en place. La Machine Infernale. D’ailleurs, je préfère cette pièce de Jean Cocteau. C’est l’histoire d’Oedipe, dans celle-ci. Même époque : les années 30. On assiste, impuissants, à la mise en place implacable des éléments de la tragédie. L’escalade vers le désastre. Et on peut bien s’agiter dans tous les sens, le couperet tombe. 

Cela ne nous avance guère, ces pièces d’avant-guerre. 

Mais si l’on extrapole, Trump est peut-être un peu Priam et Poutine est sans doute assez proche d’Agamemnon. Un vieux roi un peu dépassé d’un côté, manipulé par son entourage, sûr de ses richesses et de sa puissance, et de l’autre, un roi avide de conquêtes, de terres, de puissance. Depuis que l’homme est homme, la guerre est son activité préférée. Avec le foot et dire du mal de ses voisins, ce qui revient à la guerre. 

Alors oui, la montée vers la guerre n’est pas impossible. 

Ce qui va se passer, c’est déjà une guerre dans les pays limitrophes de la Russie. Le grand rêve de Poutine, c’est de refaire l’empire de l’URSS. Il aura des alliés, des gars aussi nationalistes et réacs que lui. Trump l’aidera en échange de quelques mines, de quelques accords un peu bancals. Sûr de sa puissance, il dira que si les choses se passent bien, si les conflits ne durent pas longtemps, c’est grâce à l’Amérique great again. Il aura peut-être même un prix Nobel. 

Mais est-ce que l’Europe entrera dans la danse ? C’est la question. 

Macron aimerait bien. Vu qu’il n’est pas parvenu, en deux mandats, à entrer dans l’Histoire, la guerre pourrait bien être sa gloire. Il nous avait déjà fait le coup du temps du Covid. “Nous sommes en guerre.” Il adore ça. Vous avez vu comme il s’agite depuis quelque temps ? La France bouclier européen, réarmement, budget de la défense en hausse (alors qu’il n’y a plus de sous), Europe de la défense…Mais si l’on y regarde de plus près, cela est à horizon 2030, 2035. Alors la guerre, oui, peut-être, mais pas tout de suite. 

Enfin, je dis ça, je n’en sais rien. Suis-je Cassandre ? L’avenir le dira. Mais je le jure, je n’ai jamais rencontré Apollon.

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3 commentaires:

  1. Tu as raison sur un point (enfin, sans doute sur tous) : on ne sait pas ce que la guerre pourrait donner. En te lisant, je m'imaginais en télétravail en Bretagne avec Paris dévasté par une bombe atomique... En gros, ça me laisse songeur ! Et je crois que cette ignorance complète fait qu'on s'en fout, en fait !

    Il y a plus important : ta blogroll est toute pourrie et tu devrais la revoir, surtout si tu relances ton blog (ce qui serait une bonne idée, je serai ainsi moins seul...).

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  2. Coucou Nicolas,
    J'espère que tu vas bien.
    Merci pour ton commentaire. Tu as raison, ma blogroll était périmée, je l'ai supprimée. J'ai envie de reprendre un peu ce blog historique, oui, je vais essayer de m'y tenir.
    Bises

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  3. moi je ne m'en fous pas mais je comprend que des gens préfèrent s'éloigner de l'actualité pour diverses raisons. Tout ce que je sais c'est que nous sommes entourés de sauvages bigots à l'est dont la TV publique parle de nous envahir tous les soirs ou de nous atomiser (et que l'Europe est sataniste, pensez donc y'a des homosexuels en liberté et l'Eurovision)... et qu'a l'ouest on voit arriver d'autres cinglés eux aussi bigots, qui en veulent à l'Europe pour des raisons diverses et commerciales. On verra ce qui se passe, et une chose est sure : l'Histoire est en marche, ce gros con de Trump (et sa bande de techno-fascistes) l'a remise en marche tout en méprisant son propre pays et son histoire. Les choses bougent, les européens ont conscience que la façon dont ils vivent est en danger. Verrons nous la guerre ? ou la fin de Putin ? J'ai connu la fin de l'URSS à partir de 1991 : je ne veux pas revoir ce monstre technocratique et totalitaire s'étendre de nouveau. Et je ne veux pas qu'il agresse des pays qui ont rejoint l'Europe, et des notions comme l'état de droit et des libertés publiques. J'espère que les gens raisonnables partout en Europe (et ailleurs ) finiront par avoir raison.

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