Si je devais écrire aujourd’hui à propos de la célébration du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie, il me faudrait d’abord reconnaître que l’Histoire est faite, souvent, de choix contestables, de choix difficiles et que les plaies du passé ont parfois beaucoup de mal à cicatriser. Elles laissent des marques dans la chair, elles laissent des cicatrices qui restent douloureuses.
C’est bien le cas pour cette Guerre d’Algérie dont les douleurs nous parviennent encore.
Il a fallu du temps, déjà, pour la nommer. Et tout ce que l’on ne parvient pas à nommer clairement ajoute de la confusion au monde. On parla longtemps d’événements avant de vouloir appeler cela une guerre.
Et puis la date du 19 mars, même si c’est celle que nous choisissons aujourd’hui, est loin de faire l’unanimité.
Après 8 ans de conflit, pourtant, les accords d’Evian viennent signer la fin de la guerre, après un cessez-le-feu déclaré par le président de la République et approuvé par un référendum où 90% des Français montraient leur volonté d’en finir avec cette guerre odieuse, sanglante, qui emporta tant de jeunes gens, qui provoqua tant de traumatismes dans chaque camp.
5 Audincourtois périrent là-bas, parmi les plus de 2 millions d’appelés, parmi les près de 30 000 qui moururent. Ne les oublions pas. Pourtant, après ce 19 mars 1962, les armes ne cessèrent pas. Nous ne l’oublions pas non plus. Des massacres, des représailles, des actes de violence terribles eurent encore lieu.
Quand nous en parlons, aujourd’hui, nous parlons effectivement d’une mémoire encore bien vivante. Cette mémoire, malgré la volonté d’avancer, de laisser derrière nous la culpabilité et la honte, la douleur, nous le constatons, cette mémoire est encore tellement vive qu’elle interfère dans nos relations avec l’Algérie.
Comment pourrait-il en être autrement ? C’est l’histoire de la colonisation. N’oublions pas, comme certains, qu’à partir de 1830, la France impérialiste et colonisatrice s’est installée avec force, avec violence, en Algérie, convaincue de sa supériorité, convaincue de sa puissance. Cette mémoire est tellement polémique encore…
Il y a quelques jours, un journaliste, appuyé de tous les historiens de cette période, de Benjamin Stora ou de Johann Chapoutot, rappelait qu’en Algérie, c’était des dizaines d’Ouradour-sur-Glane qui avaient été perpétrés. Pour avoir rappelé cette vérité historique, il a été renvoyé de la radio sur laquelle il travaillait.
Pourtant, pour avancer, il est temps de reconnaître, simplement, que la colonisation fut une horreur et que la guerre qui suivit, un désastre humain. Aujourd’hui, nous vivons une période si troublée, si dangereuse pour notre monde qu’il est nécessaire de savoir reconnaître les erreurs du passé. Non seulement pour ne pas les reproduire, mais aussi pour les prévenir, les voir arriver.
Ce qui se passe en Ukraine, ce qui se passe aux USA, sachons le reconnaître : il s’agit d’un impérialisme puissant et dévastateur, une volonté de s’imposer partout dans le monde, de se diviser les terres, pour le profit de quelques uns et au mépris de l’humanité.
Rien ne justifie la pensée qu’il existe des peuples supérieurs qui méritent d’être asservis.
En ce jour de commémoration, souvenons-nous de cela.
Souvenons-nous aussi que l’histoire de l’Algérie et celle de la France sont intimement liées, pour toujours. Les velléités de quelques hommes politiques tentés par des idées xénophobes et prêts à fâcher la France avec ce pays pour défendre des positions populistes sont inacceptables.
Ce blog bouge encore…
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