Les premières mesures d'un gouvernement sont forcément symboliques. Elles donnent le la pour la suite du mandat.
Durant la semaine qui vient de s'écouler, nous avons eu droit à quelques annonces choisies.
Tout d'abord, le retour du jour de carence chez les fonctionnaires.
Instauré par Sarkozy, supprimé par Hollande, le voilà de retour. Rappelons que près de 65 % des salariés du privé n'ont pas de jours de carence, puisqu'il est payé par l'employeur. Ces 65 % de salariés sont ceux des grandes boîtes. Pour les 35% restants, oui, il y a trois jours de carence. C'est là que se situe l'injustice, pas l'inverse. Pour les fonctionnaires, qui sont employés par l'Etat, on découvre avec stupeur que notre employeur se compare à une TPE. C'est décevant. Déjà que les salaires sont bloqués depuis 35 ans et qu'à niveau d'études égal, les fonctionnaires sont loin de toucher autant que dans le privé. Mesquin. En plus, la mesure ne fera économiser qu'environ 150 millions à l'Etat. Sur le budget total, c'est ridicule.
Dans le même temps, le gouvernement annonce la fin de la taxe sur les hauts salaires.
Cela concerne essentiellement les traders, le monde de la finance : les salaires dépassant 153 000 Euros brut par mois ne seront plus taxés à hauteur de 20%. Et en prime, on prévoit d'ouvrir deux lycées (publics) internationaux dans la région parisienne pour chouchouter les magnats de la finance qui décideraient de venir faire du fric en France. A mon avis, la dépense va bouffer largement les quelques économies réalisées grâce au jour de carence.
Si ces deux annonces ne sont pas de beaux symboles de la ligne de conduite du gouvernement...
Enfin, il y a eu une annonce rigolote de Monsieur Hulot, qui nous promet des moments aussi surréalistes que les films de Tati : il nous promet que dans 23 ans, toutes les voitures diesel ou essence seront à la casse.
S'engager pour les 23 ans à venir, dans un domaine où les industriels mènent la danse, c'est un peu léger. C'est parfaitement l'illustration de la parole politique qui ne sert à rien. Mais, ma foi...il a peut-être obtenu des infos auprès de ses amis industriels, puis qu'il nous a été confirmé dans la semaine qu'il faisait des profits énormes en vendant ses gels douche - même pas bio, au passage. Espérons au moins que les produits Ushuaïa ne contiennent pas de perturbateurs endocriniens, parce que sur ce sujet aussi, on ne pourra pas compter sur l'engagement de Monsieur Hulot.
Donc, si nous résumons un peu, on retient trois messages : (on répète après moi)
- Haro sur les fonctionnaires, ces profiteurs privilégiés !
- Vive la finance et les profits insensés pour les copains des banques !
- Et euh...l'environnement ? On s'en fout !
CC