Tout l'esprit français est là : quand on a annoncé la réforme de la constitution, tout le monde a semblé heureux, unis, pris dans un même élan solidaire contre les affreux terroristes, assemblée et sénat réunis à Versailles, symbole s'il en faut d'une France forte, fière et éternelle.
Puis quand il a fallu s'y coller, comme on avait dit, tout le monde a râlé. On a crié au scandale, moi la première, on a dit que c'était inutile, inégalitaire, dangereux, malsain. Mais certains ont râlé contre ceux qui râlaient, parce que rien ne vaut la bagarre, les "pour", les "contre", les "bien au contraire". Il y en avait qui pensait que c'était un beau symbole et la force d'un symbole, c'est la France fière et éternelle.
Et puis, devant cette cacophonie, quand on a délicatement retiré l'idée de faire ce qui causait tellement de tiraillements, on a encore râlé, on a rouspété, bien fort, on s'est moqué. Quoi ? Qu'est-ce que c'est que ces chiffes molles qui ne vont pas au bout de ce qu'ils avaient promis ? Baltringues, jean-foutre, foutriquets !
Malgré tout, glorifions la tâche tellement ingrate qui consiste à gouverner ce bordel.