La cérémonie des voeux du PS, ce n'est pas vraiment l'endroit où l'on parle de politique. Ce n'est pas le lieu où les décisions se prennent, en tout cas. Mais c'est quand même une sorte de baromètre politique.
Des chaises sont installées, mais pas assez. Coup classique : il ne faut pas qu'il y ait de chaises vides. On en remet. Elles sont prises d'assaut par des militants : la force vive du PS. Moyenne d'âge, 80 ans. Au bas mot. Un cortège de cannes, de sonotones, de nuques blanchies, de crânes chenus, de vieillards cacochymes. Une annexe de la maison de retraite.
Le slogan du parti, en ce jour de voeux, c'est : "Et la santé, surtout !"
L'année sera bonne. Pour certains, elle sera peut-être courte.
Devant la scène, les chefs sont là. Pour commencer, il y a le secrétaire du PS local, le député, le sénateur et un homme étonnamment très jeune. Il a un jeans. C'est le secrétaire du PSJ. Le secrétaire prend la parole en premier. Les cris fusent de la salle : "On n'entend rien !" On pousse les enceintes à fond.
Petit bilan de 2015 : on l'a échappé belle, le FN est aux portes, mais on a bien résisté ici. On a entendu le message. Débat sur la déchéance de nationalité : le secrétaire est contre, mais pour le débat serein.
On passe la parole au petit jeune tellement fashion avec sa petite chemise à carreaux ajustée. Il est content d'être là. Il parle revenu universel et légalisation du cannabis. Des sujets qui parlent vraiment à l'audience. Lui aussi est contre la déchéance, mais pour le débat et il respecte ceux qui sont pour.
On passe le relais au sénateur. Tiens, il s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de femmes sur scène. Il trouve quelques élues dans la salle pour qu'elles viennent faire un peu de décoration devant le public. C'est toujours plus agréable à regarder. Ouf ! On aurait pu croire que la politique est un milieu machiste ! Son discours est intéressant : résolument de gauche, politique. Les riches, les pauvres, la mise à mal de la théorie du ruissellement. Il parle aussi des entreprises locales, du travail mené pour qu'elles restent ici, pour qu'elles embauchent. La lutte contre le chômage, cela doit être concret. Déchéance de la nationalité : il est pour. Il faut tout faire pour lutter contre le terrorisme...Il est pour un débat dans le calme.
Le député, enfin, ferme la marche. Il revient sur la déchéance de nationalité plus longuement. Il est pour. C'est une mesure qui s'adresse à 40 ou 50 personnes en France. Il est pour qu'on ouvre le débat, donc sur la modification de la Constitution pour 40 ou 50 personnes.
2 partout, la balle au centre...
Je crois que plus personne n'écoute. Ventre affamé n'a pas d'oreilles. Et on vient de mettre sur la table du comté et des saucisses de Montbéliard.
Autour d'un verre, on revient sur tout ça :
"Tu penses vraiment que des terroristes qui tueraient père et mère en ont quelque chose à faire d'un passeport français ?"
"Moi, au premier tour, je ne vote plus pour le PS. Au deuxième, oui, on ne peut pas faire autrement. Mais franchement, aujourd'hui, on ne vote plus POUR un parti. On vote contre les autres..."
"Et franchement, Valls, il est de gauche ? Et Macron ??? Non ! Ce sont juste des mecs qui n'ont jamais travaillé..."
"Les entrepreneurs ont une vie plus dure que les salariés ? J'aimerais bien le voir à la chaîne un jour ou deux, le Macron..."
"Et pendant ce temps-là, le FN et Sarko se refont une virginité...Dire que la Le Pen se dit même féministe...Franchement, c'est de la récupération..."
"Et la santé, surtout..."