Brignoles est une ville qui n'est guère plus peuplée que celle où je vis.
Cependant, il y a quelques différences notoires : on nous dit sur wikipédia que c'est une ville "en pleine expansion, due notamment à l'attrait du soleil pour de nombreux retraités, à la
qualité de vie, à des prix de l'immobilier moins élevés que sur la côte
varoise." Les ressources économiques sont liés à la viticulture, aux transports et à la sous-préfecture. Le taux de chômage s'élève à près de 20%.
Pendant ce temps-là, ma ville est touchée de plein fouet par une crise sans précédent. Les usines ferment ou, dans le meilleur des cas, débauchent à pleines portes. La démographie est bien moins vieillissante qu'à Brignoles, mais le chômage est d'un peu plus de 15 %.
La vraie différence, entre ces deux bourgs, c'est que le premier est en pleine campagne alors que le second est au coeur d'un bassin très urbain et industriel.
Le vote de ce soir, à mon avis repose sur cette différence : les campagnes ont le sentiment d'être abandonnées au profit des villes. C'est un sentiment qui repose sur une réalité médiatique : on parle plus souvent des villes que des campagnes à la télé. C'est pas juste - même s'il s'y passe plus de chose et que plus de monde y habitent. La campagne est belle et les retraités y sont intéressants, eux aussi. Mais c'est aux journalistes de régler ce problème. (même si, en regardant le journal de Pernaut, on peut facilement avoir sa dose de clichés ruraux de qualité...)
Pour la politique, il me semble juste, à moi qui n'y connaît rien, qu'on favorise les actifs, les jeunes, les espaces pourvoyeurs d'emplois. Bref, les villes. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de pauvreté aussi dans les campagnes. Mais de là à dire que les campagnes sont abandonnées, c'est faux : par exemple, François Hollande a tenu sa promesse en permettant le portage du montant de pension
garantie à 75% du SMIC ainsi que l’extension de la Retraite
complémentaire obligatoire (RCO) aux conjoints et aides familiaux pour
les retraités actuels. Cela représente quelque chose pour les retraités agricoles, même si on peut évidemment en vouloir encore plus.
Cependant, la douceur de vivre d'un village comme Brignoles n'a sans doute rien à voir avec la rudesse de certains quartiers de ma ville et il est heureux que, par exemple, le collège y soit en éducation prioritaire. En plus, pour ne prendre que cet exemple, il faut bien se rendre compte que l'éducation prioritaire ne représente qu' 1,8% du budget de l'éducation nationale alors qu'elle s'occupe de 20% des élèves.
En plus du fait que le vote FN ne gagne que grâce au recul de l'implication des gens dans la politique, à cause de l'impression fausse, là aussi, que la politique ne sert à rien, le parti de Marine Le Pen gagne du terrain grâce à un ressenti d'abandon qui n'est pas une réalité.
CC
Si, c'est une réalité... On ne parle que des banlieues, des quartiers,...
RépondreSupprimerOui, c'est ce que je dis dans mon article : on ne parle presque pas des campagnes dans les médias. Mais ça ne signifie pas qu'il n'y a pas de politique pour ces espaces-là et si on parle plus des banlieues, ce n'est pas souvent en bien. Ce qui fait deux occasions de se réjouir. Mais je suis de tempérament optimiste.
RépondreSupprimerOn notera aussi que le taux de mortalité brutale est bien plus élevé à la campagne. Deux raisons à cela. Les agriculteurs manipulent journellement des machines à risque, souvent seuls ; ils utilisent des produits très dangereux (ceux qui se retrouvent ensuite dans l'assiette) à de fortes concentrations. Mais aussi, en raison de leurs taux d'endettement souvent pharamineux, leur propension au suicide est très importante en regard de celle de la moyenne de nos concitoyens. Il suffit d'une année catastrophique pour les acculer au gouffre. Pour mémoire, une moissonneuse-batteuse coûte le prix d'une maison déjà belle..... alors que bien des gens aujourd'hui n'ont pas les moyens d'acheter une maison même petite.
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