Aujourd'hui, j'ai assisté à une conférence de Patrick Picard. C'est un ancien instituteur qui travaille désormais sur des thèmes de recherche, qui aide les enseignants à progresser en analysant leur pratique, en prenant du recul sur les gestes du métier.
C'est un chercheur - même s'il n'aime pas le terme - qui n'arrive pas en détenteur dictatorial d'un savoir absolu. Il part du principe que le travail réel est différent du travail théorique, structurellement.
Cette présentation ne peut que plaire aux professeurs qui sont trop souvent considérés comme des imbéciles par les pédagogues : "Laissez-nous vous dire ce qui ne va pas, nous avons les solutions." C'est ce que j'ai vécu, souvent, sur les bancs de l'IUFM.
Son propos est aussi de reconnaître notre posture professionnelle. Il considère le métier d'enseignant comme un véritable métier, justement, avec des savoir-faire, des gestes professionnel.
C'est important, parce que socialement, le métier et son vocabulaire sont connotés (et politiques, si je puis ajouter...) : les idées reçues sur le métier sont légion et tout le monde se sent le droit de donner son avis. Par exemple, tout le monde pense que "le niveau baisse". Objectivement, c'est faux : les exigences, les savoirs ont augmenté sans commune mesure depuis les années soixante. Et dans cette époque bénie des réacs, il n'y avait guère qu'un élève sur deux qui obtenait le brevet. Aujourd'hui, en Franche-Comté, par exemple, il n'y a plus que 10% d'une classe d'âge qui a des difficultés de compréhension de l'écrit, selon les statistiques des JAPD.
La conférence de ce matin portait plus spécifiquement sur l'enseignement en milieu défavorisé.
Le constat est fait, depuis une dizaine d'année que ce n'est pas parce que les enfants vont plus longtemps à l'école qu'ils réussissent mieux.
Il y a plusieurs raisons à cela : le contexte familial, extérieur à l'école, bien sûr, mais aussi l'école elle-même. Une des difficultés pour les élèves issus de classes populaires sont confrontés à des implicites, des savoirs scolaires qu'ils ne sont pas capables de comprendre et que l'on ne leur explique jamais.
Il convient donc de se demander comment mettre en place de l'aide et cela implique forcément des tensions, des controverses : comment concilier, par exemple, les objectifs sociaux et les objectifs scolaires ou comment individualiser et "faire classe"...Doit-on transmettre des compétences ou des connaissances ?
Les enseignants, face à ces tensions, se retrouvent souvent isolés.
C'est pour cela que Patrick Picard était là, ce matin : pour mettre en place des groupes de travail, autour de thèmes qui nous intéressent, car "c'est à plusieurs qu'on apprend à faire seul", comme le dit Yves Clot.
Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aussi découvrir le site Néopass@ction.
CC
Intéressant. Merci je vais suivre les liens.
RépondreSupprimerMerci ! Le site Néopass@ction est vraiment bien fait : il y a des vidéos de collègues, avec des analyses...Il faut s'inscrire, mais cela vaut la peine ! :)
SupprimerMerci pour ce lien
RépondreSupprimerDe rien !
SupprimerMerci pour tout ça...
RépondreSupprimerMais du coup je regrette de n'avoir pas fait votre connaissance !
P. Picard
Bonsoir,
SupprimerNous avions un peu fait connaissance à Poitiers, mais hier, nous avions bien peu de temps et nous étions pressés par la "demande académique"...
J'espère que nous serons amenés à nous revoir à Montbéliard !
C'est en effet très rafraîchissant.
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