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Un peu de poésie ne nuit...Blogueurs de droite, c'est à vous ! |
Cela est plus facile quand on vient de gagner l'élection, mais il est assez difficile de bien vivre son statut d'opposant politique sur internet.
Mes conseils seront assez difficiles à entendre, peut-être, mais sachez qu'ils viennent de quelqu'un de sincère et surtout d'expérimenté : cela fait 10 ans que je m'entraîne. D'ailleurs, si quelqu'un voulait m'écrire un mode d'emploi pour être une blogueuse politique correcte de la majorité, je saurai l'accepter avec beaucoup d'humilité.
1. Il faut tenter de ne pas tomber dans l'excès et la caricature. C'est un travers classique, en début de période d'opposition.
Par exemple : ne pas dire "Je suis entrée en Résistance contre ces salauds de bolchéviques". Vous n'êtes pas crédibles dans ce cas là. Dites plutôt : "Je reste vigilant et je saurai prendre note des dérives d'un socialisme qui empêcherait le libre échange des biens."
2. Il faut savoir faire preuve d'humour et de délicatesse. Une pointe d'ironie, un peu de cynisme valent souvent mieux que les insultes.
Par exemple : ne pas dire "Salauds de pauvres qui votent comme leurs pieds !" Préférez : "Nous n'avons pas les même valeurs. Qui n'a jamais eu l'ambition de posséder une rolex à 50 ans ne peut évidemment pas voter pour un président qui en porte une avec tellement de classe."
3. Il faut savoir accepter la contradiction. Là, c'est l'expérience qui parle. Au long des 5 dernières années, j'ai pris des baffes, des polémiques, des critiques acerbes. C'est normal. Il faut savoir bien le prendre. Par exemple, j'aime bien
FalconHill, il est de droite, mais on peut dialoguer.
Par exemple, lorsque qu'un horrible gauchiste, le couteau entre les dents viendra déposer un commentaire au pied d'un billet que vous aviez pourtant écrit avec amour, ne le supprimez pas dans un moment de rage, après avoir insulté votre commentateur. Écrivez plutôt : "Mon blog est un espace de liberté et de tolérance. Tu as le droit de penser le contraire de moi, mais jamais nous ne serons d'accord. Buvons à notre santé !"
4. N'oubliez jamais qu'il s'agit de politique. Tous ces tracas humains ont bien peu d'importance. C'est l'expérience qui parle, là aussi : je relis les trucs que j'ai écrit il y a trois ans et la plupart du temps, je ne sais même plus vraiment à quoi cela fait référence. L'actualité file à une allure folle, les projets de lois effacent les décrets d'application...
Par exemple : ne vous enflammez pas inutilement. Votre santé (
et celle des autres aussi) est précieuse et les soins sont de moins en moins remboursés par la sécu. Devenez philosophe, prenez du recul. Moquez-vous de tout.
5. N'oubliez pas qu'il s'agit d'internet. Ce média
va encore plus vite que Sarkozy et ses projets de loi. Un billet qui vous semble génial aujourd'hui, pertinent et définitif, sera bientôt périmé, lu par quelques centaines d'internautes égarés, tombés sur votre blog par hasard en tapant "Paris Hilton nue" dans Google.
Par exemple, ne faites pas montre d'orgueil : ne dites pas "J'ai écrit le billet avec les arguments qui convaincront le pire des
mélenchonistes." Dites : "Je sais bien que je ne suis lu que par des gens qui pensent comme moi et qui viendront faire des gentils commentaires sur mon billet." C'est plus sage.
6. Relativisez, lorsque des médias viendront vous demander de reprendre vos billets pour pas un rond. Au début vous ouvrez le champagne et au bout du compte, on vous demande ça tous les quatre matins, vous aurez tôt fait de ruiner votre cave et personne ne vous reconnaîtra dans le métro pour autant.
Par exemple, lorsque vous recevez un mail du genre "L'Express serait heureux de reprendre vos billets formidables. Nous les relirons avant de les poster, pour nous assurer qu'ils correspondent à notre ligne éditoriale. En contre partie, vous pourrez naviguer comme bon vous semble sur notre site.", ne répondez pas "Je suis très honorée, j'ai téléphoné à ma mémé pour lui annoncer, elle est abonnée depuis toujours à votre excellent magazine et c'est le plus beau jour de ma vie." Répondez laconiquement : "Je suis en négociation avec Le Figaro qui me propose un contrat du genre de celui de Monsieur Roufiol - ou de Monsieur Barbier -, pouvez-vous vous aligner ? Salutations, etc."
CC