En ce jour du 5ème anniversaire de la mort de Milton Friedman, des blogueurs ont adressé à des personnes connues pour leur engagement néolibéral une lettre visant à clarifier leur position. Là voici :
« Madame, Monsieur,
Vous vous
définissez vous-même comme étant de sensibilité « libérale » sur le plan
économique et c’est bien évidemment votre droit le plus strict. Vous ne
verrez donc pas d’inconvénients à être sollicité afin de répondre à une
simple question.
Nous, blogueurs et
citoyens de sensibilité de gauche, sommes depuis une bonne trentaine
d’années face à votre discours nous assurant que le libéralisme
économique – ou néolibéralisme si vous préférez – va être rien moins
qu’une promesse de bonheur et de liberté pour tout un chacun, humbles
comme aisés, et qu’un passage, certes douloureux mais que vous nous
assurez « nécessaire », par une période de temps plus ou moins difficile
où serait mise en place une sévère mais juste « rigueur » économique,
finira, à terme, par porter des fruits dont tout le monde sans
exceptions profitera…
Disons le net : nous sommes sceptiques.
Non pas que nous
mettions en doute votre bonne foi quant à ces affirmations : votre
sur-présence médiatique depuis tant d’années nous a convaincu de votre
sincérité. Mais tout de même, tout le monde finit par se demander, à
force :
Ce fameux « bonheur néolibéral » qu’on nous promet depuis 30 ans, ça vient quand ?
Parce que dans un
pays comprenant 8 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté
et des salariés pressurés comme des citrons en permanence, et où
malheureusement il semble bien qu’une fraction fort malhonnête de
personnes trouvent à s’enrichir en se contentant de siéger dans des
conseils d’administration, il est quelque peu délicat de percevoir les
bienfaits de ces fameux « marchés » que vous défendez pourtant mordicus
en dépit du bon sens.
Comme toujours,
vous répondrez à cela qu’il faut « poursuivre les réformes » parce qu’on
a « pas assez libéralisé » ; mais soyons sérieux : il vous faut
clairement admettre que vous vous êtes plantés. Qu’en 30 ans vous n’avez
pas été foutus de faire quelque chose de bien. Et que le néolibéralisme
n’a conduit qu’une fraction infime de gens très riches à encore plus
s’enrichir au détriment de tous les autres.
Notre question sera
donc : pourquoi ne pas admettre que votre idéologie est nuisible pour
la majorité, que vous vous êtes plantés, et que dans l’intérêt général
vis-à-vis duquel vos idées sont objectivement nuisibles, il serait mieux
que vous laissiez tomber et passiez à autre chose ?
Dans l’attente de votre réponse, veuillez Madame Monsieur agréer l’expression de nos salutations distinguées. »
Cette humble
bafouille a été adressée par mail à tout un tas de journalistes et éditorialistes réputés néolibéraux.
Nous attendons bien évidemment les réponses avec une certaine curiosité gourmande.
La liste des journalistes. Merci
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