C'est étonnant : quand on lit la presse, quand on écoute la radio, à propos de l'Université d’Été du PS de la Rochelle, on entend trois choses.
La première, c'est qu'il n'y a que deux candidats : François Hollande et Martine Aubry. Mais que seul François Hollande a ses chances.
La deuxième, c'est que le PS a affiché une unité mais que cette unité n'est que de façade.
La troisième, c'est que la chanson du PS est toute pourrie. Essentiel.
Passez votre chemin, il n'y a rien à voir. Et rien à entendre...
Or, j'ai regardé un peu les conférences diverses sur internet, j'ai lu les rapports et les tweets de mes copains blogueurs et il me semble qu'en trois jours, il s'est passé autre chose.
J'ai suivi par exemple la conférence sur la précarité. J'ai apprécié les intervenants. Par exemple, Najat Vallaud-Belkacem nous a parlé de l'Islande. Il est vrai que les journalistes ont peut-être eu du mal à suivre, parce que l'Islande, ils ne savent pas où c'est. Il y a eu une révolution, là-bas. Personne n'en a parlé. Et pourtant, c'est au coeur du sujet : la crise économique, les banques, les dettes publiques. Les Islandais ont pris le taureau par les naseaux et se sont débarrassé des charognards banquiers. Ils ne s'en portent que mieux.
J'ai beaucoup entendu parler d'Arnaud Montebourg, aussi. Bon orateur, surprenant même les plus cyniques, convaincu qu' «on ne battra pas le sarkozysme en promettant l’austérité à ceux qui n’ont que leur travail pour vivre.»
J'ai écouté la séance plénière de Ségolène Royal : j'ai entendu un enseignant, un agriculteur, j'ai entendu des propositions concrètes. Par exemple, la remise en place de la formation des enseignants. Par exemple le soutien d'une agriculture utile et raisonnée.
Lorsque je parcours les comptes-rendus des ateliers et des plénières, je suis étonnée par la présence des intellectuels, des gens de la société civile, des experts sur tous les sujets. Lorsque j'entends le discours de clôture d'Harlem Désir, je suis étonnée qu'on ne souligne pas l'enthousiasme réel soulevé parmi les militants. Il me semble que ce que les journalistes font ressortir de tout ça est dérisoire et superficiel. Lorsque j'entends les militants, il me semble que les journalistes seront surpris des résultats des primaires. Ségolène Royal ou Arnaud Montebourg pourrait bien créer la surprise. Ils sont bien plus à gauche que François Hollande qui me laisse une impression de mollesse et décontraction qui sied mal à un président de la République...
Il me semble aussi que les torts sont partagés : le PS ne sait pas se vendre. Il ne sait pas communiquer sur ce qu'il a de meilleur. Il est victime aussi de la société de divertissement. La politique, ce n'est pas la tasse de thé de grand monde. Il y a secret story à la télé. Et la Rochelle a ressemblé étrangement à cette émission de télé réalité, dans les médias.
Y-a-t-il du temps de cerveau disponible pour écouter des sociologues, des philosophes, des professeurs d'université ?
Non. Il n'y en a que pour le coca...
CC
Ouais...
RépondreSupprimerAprès avoir été baigné dedans pendant trois jours, en remontant dans la voiture, j'ai été surpris par le silence, à la radio...
Bonjour Nicolas,
RépondreSupprimerParfois, je repense à 2002 et je me dis que le PS est trop sérieux pour faire de la politique...
Ne comptez pas sur moi pour défendre mes “chers” confrères ! Néanmoins, il faut tenir compte de l'effet loupe dont vous avez été fort logiquement victime – ainsi que Nicolas, et probablement tous les autres : lorsqu'on est plongé au cœur d'un événement, quel qu'il soit, on a tendance à en gonfler démesurément l'importance pour l'ensemble des gens – et on a presque toujours tort.
RépondreSupprimerIci par exemple, les médias ne rendent compte que très superficiellement de “votre” événement, simplement parce que les universités d'été (et quel que soit le parti concerné : ceci n'est pas un commentaire politique) n'intéressent absolument personne que les militants, qui viennent là pour se conforter dans leurs opinions déjà arrêtées et se rencontrer – se “tenir chaud”, pourrait-on dire.
Bonjour Didier,
RépondreSupprimerJe n'étais pas à la Rochelle, j'ai suivi ça mollement, depuis mon canapé, visionnant un peu le direct, sur internet. Je ne suis pas encartée. Je ne suis pas persuadée d'être victime de l'effet loupe...
Mais la politique m'intéresse. C'est rare, évidemment, une jeune femme d'une trentaine d'années qui s'intéresse à la politique...Mais ça existe.
Tout comme les gens qui s'intéressent à la littérature. Très rare. Faut-il ne pas en parler pour autant et faire comme si ça n'existait pas ?
Le journalisme, qui ne peut jamais être objectif, évidemment, relate trois jours en trois lignes. C'est dommage.
Et puis, je crois (naïvement) que les gens s'intéressent à ce que l'on veut bien qu'ils s'intéressent. Expérience de prof : les élèves ne s'intéressent pas aux romans de chevalerie du Moyen-Âge. Sauf si on fait ce qu'il faut pour qu'ils s'y intéressent...
Je suis bien d'accord avec cette dernière phrase comme avec votre article qui traite surtout de ce que l'on nous donne à penser et pas tant de ce qui est dit au fond. Ce que vous dites Didier est très vrai aussi mais sans rapport avec le thème de cet article, avouez-le ! Elle a raison CC, il faut que les journalistes s'affranchissent de l'idée que les hommes sont bêtes par nature, qu'il faut leur traduire en substance le langage politique. Les traductions qu'on entend à la télévision sont le fruit d'un prisme parfois très étroit, ce que regrette surtout CC il me semble. Et encore une chose : cela arrange bien quelques-uns de flatter la bêtise et la paresse des hommes... Qui aujourd'hui défend les valeurs d'égalité sociale, de redistribution des richesses, de partage des bénéfices du savoir et des productions humaines ? Ce n'est pas la politique des puissants ou celle de l'argent qui pense le droit au bonheur pour chacun. "Hélas ! on voit que de tout temps / Les petits ont pâti de la sottise des grands." (La Fontaine, "Les deux Taureaux et une grenouille.")
RépondreSupprimerMerci de votre commentaire, F.D.
RépondreSupprimerLa Fontaine a toujours le bon mot qu'il nous faut ! ;)
Oui n'est-ce pas...
RépondreSupprimerC'est vrai que les universites d'été, quelque soit le parti, n'ont pas de couverture mediatique, du moins sur le fond. Or c'est toujours instructif, notamment lors de l'intervention de personnes de la société civile, et cela permet de voir aussi comment se crée un programme, une dynamique, etc.
RépondreSupprimerLe seul média que je connaisse qui relaie ce genre d'information, c'est la chaine parlementaire (vivement le retour de vacances!)
C'est très juste cela CyCee ! Ce billet me parle d'autant plus que, depuis quelques temps, j'en suis venue à m'intéresser à la politique, la vraie, pas celle des petites phrases et des basses tactiques. C'est justement mon insatisfaction face à son traitement médiatique qui m'y a conduit (entre autres), mais combien ont l'envie, l'énergie et la curiosité d'aller voir au-delà de l'info formatée, prête à consommer ?
RépondreSupprimerEn s'affranchissant un peu des médias traditionnels, et grâce à Internet, tout un monde de pensée critique s'offre à nous. Et là on découvre des analyses percutantes souvent piétinées, des propositions jamais relayées, des personnes capables d'avoir une autre vision de l'avenir maintenues dans un silence assourdissant !
"Effet loupe", dit Didier Goux ? Certes, mais c'est valable du reste, et l'on peut regretter que les médias fassent le choix d'entretenir la paresse intellectuelle des gens, plutôt que de les aider à prendre de la distance (ceci quelle que soit l'orientation politique, hein).
Il m'a fallu des heures de lecture sur Internet pour mesurer les enjeux d'aujourd'hui, j'ai fait des recherches épuisantes pour accéder par exemple à des propos sur l'économie qui soient un peu plus à ma portée, alors qu'il semblerait qu'un simple débat TV comme celui de cette semaine ait pu enfin donner à un certain nombre d'électeurs la possibilité de se faire une idée de la position des 6 candidats aux primaires socialistes.
L'idée que la politique (avec un grand P) n'intéresse pas les gens est un présupposé qui selon moi nuit gravement à notre démocratie. Il masque surtout l'incompétence et la complaisance de ceux qui n'ont pas intérêt à ce que le peuple développe son esprit critique !
Bonjour See Mee
RépondreSupprimerTon analyse est vraiment intéressante (et j'ai lu ton billet du jour, qui m'a rappelé ton commentaire, auquel je n'avais pas répondu, parce que je l'ai validé avec mon téléphone et que la vie m'a emportée dans son tourbillon...)
Oui, je te rejoins sur cette idée : les gens ont soif de politique, pas de spectacle. Je crois que c'est évident. Quand les émissions de Chabot n'ont que des audiences médiocres, un débat un peu calibré, peut-être un peu ennuyeux, mais qui laisse le temps aux politiques de s'exprimer, de se faire entendre, a un beau succès.
Ne pas prendre les gens pour des imbéciles, c'est la première chose à faire pour que les gens ne prennent pas les politiques pour des guignols.
D'ailleurs, hier, j'ai eu une réaction épidermique en voyant au hasard d'un zapping, un ministre dans une émission de télé réalité. Comment peut-on vouloir confier des responsabilités à des guignols pareils...J'ai parfois envie de m'abstenir...Et je comprends que beaucoup de Français le fassent...