2 juin 2011

L'arnaque des 17 000 recrutements à l'Education Nationale

L'arnaque est flairée à des kilomètres par les gens qui s'intéressent un peu à l'éducation nationale.

Pour les autres, ça paraît un peu bizarre, sans doute, mais ça donne quand même l'impression qu'on embauche pour l'école et que les profs qui râlent tout le temps sont juste des chieurs.

Rappelons un peu de quoi il s'agit : en fait, les 16 000 postes de profs supprimés, ce sont les 1/2 fonctionnaires qui ne sont pas remplacés. L'année prochaine, pour faire vite, il y aura donc 32 000 départs en retraite et seulement 16 000 remplacements.

Dans le même temps, le ministère va donc poser 17 000 petites annonces à Pôle Emploi pour trouver des profs.

Le premier constat qu'on peut faire, c'est que le ministère démontre par A+B que jusqu'à l'année dernière, il manquait (au moins) 1000 profs pour tourner correctement.

Le deuxième constat, c'est que les profs ont raison : on n'est pas assez nombreux sur le terrain pour faire le boulot.

Le troisième constat, c'est que malgré ce recrutement, la qualité de l'enseignement ne va pas s'améliorer. Car on va perdre 32 000 profs expérimentés et qu'on va les remplacer par 16 000 profs jeunes et non formés (ceux qui auront obtenu le concours) et 17 000 profs amateurs recrutés à Pôle Emploi.

Profs amateurs sur les deux tableaux, donc. Amateurs ou pas, d'ailleurs, parce qu'il y a de grandes chances que ces enseignants, très vite, se mettent à détester le métier.

En fait, les profs recrutés par Pôle Emploi (et l'ANPE, avant) c'est loin d'être nouveau. C'est même monnaie courant : la pénurie de profs est tel qu'il arrive bien souvent que l'on n'ait pas assez de remplaçants, pour les congés maternités (ou les congés longues maladies : les dépressions sont nombreuses dans le métier).

Dans mon collège, cette année, c'est ce qui s'est passé. Une prof de français est tombée subitement enceinte de 9 mois. Non, je plaisante pas : le rectorat a découvert la chose comme ça, subitement. Il a donc mis du temps à réagir. Ce qui est normal : 9 mois, c'est un délai très court. Donc, il a fallu trouver d'urgence une remplaçante. L'urgence, au rectorat, ça se calcule en semaines...3 ou 4. Il a bien fallu 2 ou 3 semaines, sans doute pour se rendre compte qu'il n'y avait plus de TZR disponible, alors on s'est tourné vers Pôle Emploi.

On nous a trouvé quelqu'un. Quelqu'un qui possède un master de langue. Elle avait fait un remplacement de deux semaines il y a 5 ou 6 ans. Elle n'avait plus vu d'élèves depuis. Et puis elle ne connaissait pas le programme, elle n'avait aucune notion de progression pédagogique. Elle n'avait aucune expérience en matière d'autorité. Avec la classe de 6ème, ça passe encore. Avec les deux classes de 4èmes, c'est l'enfer. Elle sort de sa classe, le soir, en pleurant.

Les parents des 4èmes commencent à râler sévère sur le programme qui n'est pas fait et les élèves qui sont en danger...

Et puis quoi ?

On a essayé d'aider la collègue en perdition. On a tenté de lui donner quelques conseils, on lui a donné des cours...Mais c'est trop dur. Et dans sa classe, on se retrouve toujours tout seul.

C'est à cela que nous expose le Luc Chatel et ses recrutements pourris à Pôle Emploi, alors que chaque année, il y a des gens qui tentent les concours et qui échouent faute de places.

On marche sur la tête.

Mais l'opération de com' n'est pas là pour être logique...Sans compter que ces 17 000 futurs vacataires, menacés d'être virés tous les ans en juillet, repris, peut-être chaque année en septembre, on les paiera éternellement au SMIC, 10 mois par an. Ce qui fait de belles économies...Et beaucoup de précarité...

CC
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14 commentaires:

  1. La dépression, c'est aussi car c'est une des seules pathologies à ouvrir des droits en congés longues maladies (avec le SIDA, le cancer et la tuberculose).
    Y a certainement des dépressions dans l'enseignement, mais pas que !

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  2. Moui, Anonyme. Les profs sont des feignasses.

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  3. marrant! la pub sur les ondes depuis quelques jours me fait hurler aussi! et sous peu ils vont peut être dire qu'ils recrutent pour la santé, puisque les hopitaux sont exsangues et que la colère gronde... quelle ignominie....

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  4. Après la transformation du plomb en or, la transformation des fonctionnaires en précaires !

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  5. Après la transformation du plomb en or, la transformation des fonctionnaires en précaires !

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  6. Cela dit, les 32 000 profs expérimentés qui partent ne peuvent être remplacés que par des non expérimentés, même dans le cas -utopique- où l'état mettrait en place le remplacement à 100 %, non ?
    Après, qqn qui a eu une formation de prof sera plus performant sur les premières années qu'un autre.

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  7. "On me dit" que la prof en question n'avait peut-être pas "pensé" à avertir le rectorat de sa "situation intéressante" (via le chef d'établissment, qui n'a peut-être pas transmis, non plus)

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  8. Bonjour
    @Tarmine : j'en parlais justement hier avec une amie infirmière... Ça promet...

    @Romain : comme le reste de la population...

    @Vallenain : le problème, c'est que même les futurs fonctionnaires, recrutés par la voie classique, n'ont plus non plus de formation...

    @Médard : non non... La collègue en question n'en est pas à son coup d'essai, elle a bien prévenu le chef, documents à l'appui et tout...(mais il est vrai que le chef a changé entre temps...alors...?)

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  9. RECTIFICATIF : les 32 000 départs en retraite ne sont pas remplacés par 33 000 embauches (16 000 profs et 17 000 embauches précaires par Pole Emploi) mais uniquement par 17 000 embauches (profs + pôle Emploi).
    Ce qui fait une perte nette de 15 000 enseignants pour l'Education Nationale.

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  10. NB: si le commentaire est visible "une fois que le propriétaire du blog l'aura approuvé", à quoi bon permettre des commentaires qui peuvent être divergents des opinions dudit propriétaire qui peut donc décider de le censurer ? De telles méthodes nous font penser aux pratiques de le Corée du Nord ou de l'ancienne URSS.
    Si l'intention de l'auteur du blog n'est pas de censurer mais simplement de respecter la Loi (d'où la nécessaire modération) et la liberté d'expression, il serait pertinent de modifier la reformulation des avertissements.
    Signé : jancap@free.fr

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  11. @anonyme numéro 1 : euh...ya pas eu de concours de recrutement, cette année ?

    @anonyme numéro 2 : simple modération à deux jours à cause des spams. Message automatique du client blogger. Tout ça n'existait pas en URSS. Enfin je ne crois pas. Le ridicule ne tue pas, mon vieux.

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  12. Merci pour ce billet, étant de ces contractuels qui désespèrent un jour d'obtenir le sésame final. Un sésame de plus en plus difficile à obtenir d'ailleurs au fur et à mesure de réformes qui nous ferment de plus en plus la porte. Vivre dans la précarité c'est malheureusement de plus en plus le cas à l'EN.

    Et pour pointer un peu plus les incohérences voici une petite anecdote : Un collègue dans le même cas que moi à raté le Capes l'an passé, le jour même de ses résultats, on lui demandait de faire parti des correcteurs pour le CRPE (concours des professeurs des écoles), on marche sur la tête. D'un côté, il est inapte à enseigner (ce qu'il fait pourtant depuis des années) et de l'autre on lui demande de juger des candidats comme lui pour un concours de l'enseignement...

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  13. Bonjour
    @Matfanus : cette histoire me laisse sans voix. On marche sur la tête...

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  14. La pub entendu à la radio m'a rendu furieuse !!!! Il est inconcevable de penser que les fonctionnaires nous coûtent cher. D'autant plus inconcevable lorsqu'il s'agit de postes aussi important que ceux de professeurs ou instituteurs !!!
    J'ai déjà pris part au discours qui s'est ouvert dans ma région au sujet des collèges et lycées qui vont fermer. Quand on sait que ces établissements se trouvent en zone rurale et qu'ado j'avais presque 1 heure de route pour rejoindre mon lycée... Je te laisse aisément imaginer ce que cela serait si on le fermer...
    Merci pour cet article qui comme toi me donne beaucoup de colère !!!
    Biz
    ;-)

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