(Réponse au tag amical du Privilégié ! Quel serait l'objectif n°1 de l'éducation nationale pour 2012. Si d'ici là, il y a encore des profs...)
(Discours de politique générale concernant l'Education Nationale, en vue de la campagne de Nicolas Dublog, pour qu'il me choisisse comme ministre de l'Education quand il sera à l'Élysée. J'ai toutes mes chances : il manque de femmes.)
A l'origine, l'école, contrairement à ce qu'on raconte, ce n'était pas pour tout le monde. Charlemagne, qui ne savait pas lire et tout juste faire des croix pour signer des traités de guerre ou de paix, avait décidé que c'était un minimum que les gens de la noblesse sachent lire les closes en petites lettres, en bas des traités, histoire de ne pas se faire entuber trop par les Ostrogoths.
Pour la vile piétaille du peuple, pour ceux qui élevaient leur deux poules et leur deux journaux de blé, ça ne servait pas à grand chose de savoir lire ou écrire.
Au début, donc, la noblesse a appris à lire, dans les premières écoles, instituées par un roi qui n'avait pas forcément une barbe fleurie. Ces écoles ressemblaient plutôt à des cours très privés pour très privilégiés. A l'époque, il n'y avait pas d'acamerdia et c'était les curés, qui étaient les seuls à savoir, qui faisait la classe.
J'arrange l'histoire, un peu comme Sheila, mais c'est pas grave. Dans le fond, c'est à peu près ça.
C'est après la Révolution, avec les premiers temps de la République qu'on a eu cette idée folle d'inventer une école pour tous.
On a commencé doucement, avec quelques années pour tous et un peu plus pour ceux qui avaient de la chance. Les garçons d'abord, les riches d'abord, évidemment.
Ce n'est qu'assez récemment, finalement qu'on a décidé que tout le monde devait aller à l'école jusqu'à 16 ans au moins.
En général, tout le monde s'accorde pour dire que c'était mieux avant, l'école, pourtant.
On ne sait pas trop de quel "avant" les gens parlent. Celui de leur enfance, pour les plus vieux, celui imaginé par la télé pour les plus jeunes, sans doute...
Je ne doute pas que c'était mieux avant. Même si étant plutôt jeune et ayant toujours connu cette putain de crise, je n'ai pas tellement de références.
Cependant, si j'en crois mes parents, qui ont connu cet avant, avec un certificat d'étude, avec un brevet des collèges, avec un BEP, avant, on passait une annonce pour trouver du travail et on avait 20 propositions d'embauche dans sa boîte à lettres dès le lendemain. Forcément, ça change pas mal de chose.
Il y a un autre paramètre. Avant, à l'école, on apprenait, jusqu'au certif ou jusqu'au brevet, l'essentiel : lire, écrire, compter. Des bases de culture générale, l'histoire de France, les grands noms de la littérature, les grands textes, les grandes œuvres musicales et artistiques. Les grands principes de science physique et les sciences naturelles, doublées de quelques exercices de gymnastique pour répondre au fameux "mens sana in corpore sano". Une langue vivante, si on allait au collège.
Et c'est à peu près tout, mais c'est déjà beaucoup. Surtout si tout ça est bien assimilé. Ce sont les outils.
Aujourd'hui, on a ajouté, accrochez-vous, la technologie, l'ASSR, l'informatique, des tas de trucs accessoires dans toutes les matières, de l'histoire de Arts, de la découverte professionnelle, des trucs transversaux...Et tout ça, avec moins de profs, des classes trop chargées, des moyens toujours insuffisants...
Et tout ça, pour tout le monde, dans le magnifique collège unique, où même ceux qui s'ennuient à mourir ou à faire mourir les autres, ne peuvent pas s'échapper.
On ne peut rien faire de ces élèves jusqu'à 16 ans. Alors tant pis si l'on me taxe de conservatisme.
Pour moi, c'est le premier objectif de l'Education Nationale : donner le choix aux élèves beaucoup plus tôt. 12 ans, ça me semble bien. Jusque là, il faut que tous les élèves aient eu une éducation de base solide. Comme le certif d'avant : lecture, écriture, calcul, culture générale. Après 12 ans, il faut permettre la diversification : il faut que les enfants puissent choisir des filières courtes et professionnalisantes. Il faut qu'ils puissent tester un grand nombre de métiers, découvrir, à travers des stages, le monde du travail. Et chose très importante, il faut qu'ils puissent à tout moment, revenir vers des études longues, si ça leur chante et qu'ils découvrent une vraie motivation pour cela.
C'est déjà pas mal. En deuxième, bien sûr, ce qui serait génial, c'est qu'il y ait du travail pour les jeunes qui débarquent sur le marché du travail...Ainsi, l'Education Nationale n'aurait pas à servir de réservoir, de zone tampon où l'on fait traîner le maximum de monde pendant le plus longtemps possible...
Mais ça, c'est une autre histoire...ou pas...
CC
12 ans ?!!
RépondreSupprimerLà je m'étrangle et j'en perds le souffle et la réflexion... Même avec une hypothétique possibilité de "revenir" c'est à coup sûr une majorité d'enfants condamnés d'avance et peut-être parfois (mais ce serait déjà trop !) seulement parce qu'ils n'étaient pas encore assez matures à... 12 ans (!)
Bonjour Axel,
RépondreSupprimer12 ou 13 ans, oui, c'est l'âge auquel les jeunes décrochent : par expérience, c'est vers la fin de la 5ème et le début de la 4ème que les élèves qui ne sont pas scolaires, qui ne suivent pas, qui s'ennuient, commencent à devenir insupportables. Avant, il y a encore une certaine spontanéité, un désir de bien faire. Ensuite, c'est l'explosion, la révolte. Bien sûr, les élèves ne sont pas suffisamment matures pour savoir ce qu'ils veulent faire de leur vie. C'est pour ça qu'il faut absolument plus de souplesse entre les voies professionnelles et les voies générales. Il faut aussi une vraie revalorisation des filières courtes, que ce soit le moyen d'ouvrir l'esprit des jeunes, de les faire bouger, de les faire sortir de chez eux, à l'occasion de stages divers...
Attention, je ne parle pas d'envoyer des gamins de 12 ans en apprentissage, hein !
1. Merci pour le soutien mais les postes seront distribués APRES l'élection, sans aucune promesse foireuse avant.
RépondreSupprimer2. C'est quoi l'ASSR ?
(je poursuis la lecture)
Pour le reste, je ne suis pas trop d'accord, tu as l'air de limiter l'école à un machin qui doit permettre de donner du boulot, alors que "ça" doit aussi former le type qui va débarquer dans la vie, le citoyen, ...
RépondreSupprimerPar ailleurs, je trouve que tu as une formulation malheureuse : "Pour moi, c'est le premier objectif de l'Education Nationale : donner le choix aux élèves beaucoup plus tôt."
En quoi donner le choix aux élèves doit il être, en tant que tel, un objectif de l'EN ?
« Charlemagne, qui ne savait pas lire et tout juste faire des croix pour signer des traités de guerre ou de paix »
RépondreSupprimerJ'ose espérer qu'il s'agit d'un trait d'humour de votre part. Sinon, c'est vraiment à désespérer de tout.
Bonjour Didier,
RépondreSupprimerLa référence à l'historienne Sheila, ça ne vous suffit pas, comme argument d'autorité ?
:)
Bonjour Nicolas,
RépondreSupprimerL'ASSR, c'est l'attestation scolaire de sécurité routière. Personnellement, je pense que l'école a autre chose à faire que d'apprendre ça aux enfants.
Non, l'école ne doit pas se limiter à donner du boulot. D'ailleurs, ce n'est pas l'école qui donne du boulot. Mais quand on a des élèves, on se rend vite à l'évidence : il y a une portion des élèves qui a une appétence scolaire, qui a envie d'apprendre un savoir académique, intellectuel, théorique, abstrait. Et il y a une portion d'élèves qui n'est pas faite pour ça. Sans distinction de classe sociale. Il y a des fils de médecin qui rêvent de devenir menuisier, pâtissier ou mécano il y a des filles d'ouvrier au chômage qui rêve de devenir médecin, écrivain, avocate...
Donner le choix aux élèves, ce n'est pas leur dire "Mon petit, fais ce que tu veux". C'est leur donner l'opportunité de se développer selon leurs capacités. En bloquant les élèves jusqu'en troisième avec des cours très théoriques, très généraux, on provoque un phénomène incroyable que j'ai découvert en commençant à enseigner au collège : les élèves sont capables de plus de choses en entrant au collège qu'en en sortant. Le collège est trop long, pour tous les élèves, d'ailleurs, en troisième, ils sont tous épuisés. Les "mauvais" parce qu'ils s'ennuient, ne sont pas intéressés...Les "bons" parce qu'ils s'ennuient, parce que les "mauvais" ralentissent leur rythme.
C'est le problème du collège unique. Le collège pour tout le monde, je suis d'accord, mais pas le même pour tout le monde.
D'ailleurs, il y a peu de temps encore, on pouvait changer de voie en 4ème, ce qui est de plus en plus difficile. C'est de ça que je parle...
Le collège actuel n'est pas idéal pour grand-monde, tout à fait d'accord. Mais des élèves qui trouvent (retrouvent ?) le goût d'apprendre à 15, 16, 17 ans j'en connais aussi. Et plus un élève est orienté tôt plus il lui sera difficile de s'y remettre (en supposant encore une fois qu'il existe vraiment des passerelles - parce que bien avant la "crise" et ses économies c'était un vrai parcours du combattant que de changer de filière même quand c'était théoriquement possible).
RépondreSupprimerEt puis fixer un âge "limite" cela suppose que tous les enfants avancent au même rythme, ce qui n'est jamais le cas, alors 16 ans c'est un moindre mal de mon point de vue.
Bien sûr cela suppose de traîner des gamins qui s'ennuient, ont décroché depuis longtemps, et/ou deviennent insupportables mais cela permet aussi à d'autres de se rattraper parfois in extremis.
Bien sûr, c'est pour ça que je parle d'une plus grande souplesse : il faut que les enfants puissent changer de voie, quand ils le souhaitent. C'est pour ça que la base de l'enseignement doit être plus solide qu'elle ne l'est actuellement, centrée sur les apprentissages incontournables et que même si un élève cherche sa voie pendant quelques années, il puisse raccrocher les wagons...
RépondreSupprimerEn plus, un enseignement professionnalisant ne veut pas dire un enseignement qui perd de vue les choses essentielles...
Le système actuel est en effet rigide et mal adapté...Ce que je propose est de l'ordre de l'utopie et je ne suis pas ministre du budget...quoi que ce que je propose ne me semble pas inimaginable financièrement...
Ce sont des idées intéressantes même si 12 c'est peut-être jeune et bien sûr sans parler d'apprentissage. Personnellement, dans le domaine professionnel, nous récupérons des gamins "cramés" et certains auraient pu nous être "adressés" plus tôt. Mais il faudrait aussi oublier les idées anciennes... du style les mauvais en professionnel! J'ai encore des gamins qui me disent avoir été orientés chez nous pour leur (manque de) compétences... Il faudra donc commencer par faire évoluer les mentalités notamment celles des parents.
RépondreSupprimerEnfin juste un petit mot sur l'apprentissage chéri de nos "dirigeants": nos élèves malgré le temps passé au collège sont en majorité très loin d'être murs pour l'apprentissage.
Il me semble aussi que 12 c'est un peu tôt pour un choix d'orientation.
RépondreSupprimerEt que fait on des élèves en échec qui ne sont pas du tout motivés par les études professionnelles? Je me souviens d'un élève qui voulait faire un CAP de pilote de ligne...
Par contre je pense que c'est la question de la motivation qui est importante, beaucoup d'élèves, même des "bons", ne se sentent pas motivés.
Alors le collège pour tous, toujours oui, mais en admettant que certains puissent aller à leur rythme, ça aiderait peut être?
Ah j'adore le dessin !!! ;o)))
RépondreSupprimerJe ne suis pas prof. Juste mère et grand-mère (bon, ma petite-fille vient d'entrer en maternelle...). Et je suis globalement d'accord avec vos idées. L'école telle qu'elle est conçue pratique une sélection par l'échec, pas un orientation par la réussite. Les filières techniques et professionnelles sont totalement dévalorisées. Et pour beaucoup d'enfants, c'est l'enfer. Ils "font" fleuriste parce qu'ils sont "incapables" de faire prépa (et prépa puis polytech pas parce qu'ils aiment ça, mais parce "qu'ils en sont capables" alors qu'ils rêvent de bouquets de lilas et de boules de roses.).
RépondreSupprimerCes gamin(e)s sont non seulement "largués" par le système scolaire, mais traînent en plus leurs échecs successifs comme un boulet : comment avoir confiance en soi quand au yeux de la société, vous êtes déjà un "raté" à 14 ans ?
Maman de deux enfants, moi aussi, je me prends à regretter l'école "d'avant", quand on faisait en primaire des choses basiques, mais donnant les clés pour la suite.
RépondreSupprimerJe peste souvent sur le bourrage de crane en zapping qu'on y fait subir à mes enfants.
Espérons que les résultats publiés de la dernière enquete Pisa aura quelques effets...
Bon week end