3 mai 2010
Mammuth
Un homme prend sa retraite.
Il lui manque des justificatifs pour boucler son dossier et toucher une retraite à taux plein.
Il part donc sur sa vieille moto, à la quête de 10 bouts de papier.
C'est une manière de faire un flash-back sur sa vie : il a enchaîné les petits boulots, depuis l'aide de ferme d'un vigneron arrogant qui ne l'a pas déclaré, jusqu'au videur de boîte de nuit, en passant par un petit resto qui a fermé boutique depuis, une minoterie transformée en boîte d'informatique...
Ce pèlerinage lui permet aussi de confronter sa vision du monde à celle d'une autre génération : aux jeunes de 20 ou 30 ans qui ont perdu tout espoir d'avoir un jour une retraite.
Que ce soit le "physionomiste" de la boîte de nuit qui l'a remplacé et qui bosse depuis 4 ans au black, faisant d'ailleurs homme à tout faire et ne comptant probablement pas ses heures pendant que son patron est en voyage au Maroc, que ce soit la jeune fille qui file d'arnaque en arnaque, comme une belle pétroleuse, que ce soit l'artiste qui a décidé de vivre en marge de la société tout en profitant du système, on trouve dans ce film de beaux portraits de cette jeunesse désabusée qui a pris conscience que si l'on veut quelque chose, il faut se débrouiller pour le prendre...
Le panorama de la société est large : entre cette caissière qu'on colle à la poissonnerie et qui hésite entre l'homéopathie et les calmants pour supporter l'absurdité de son boulot dans la grande distribution, tout en gagnant tant bien que mal de quoi rembourser les crédits pour payer le pavillon de banlieue donnant sur les barres d'immeubles, entre ces VRP mangeant seul dans des auberges de province, entre cet illuminé qui sillonne les plages à la recherche d'objets précieux et qui ne trouve guère que des pièces de 10 centimes, on navigue dans un univers qui permet de reposer les problèmes de société autrement : travail précaire, chômage, retraite...
Bref, je vous conseille vivement ce film très riche, très bizarre et très poétique...
CC
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Je ne suis pas passé à côté de ce petit chef d'oeuvre qui oscille entre film social et film poétique. Un immense acteur (quelle belle idée d'avoir choisi Depardieu) sert sur un plateau ce petit bijou, un diamant brut composé de facettes de personnages grognons mais pas méchants car désarmés. Un coup de coeur pour Miss Ming, réellement autiste et divine artiste. Même la photographie ne laisse pas indifférent, avec un air d'image vintage (une caméra des 70's avec de vieilles pellicules donnent à ce film un côté rugueux et criard, bonne idée aussi). Une pépite. J'irais bien le revoir en fait :)
RépondreSupprimerMerci, je note.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerOui, Dominique : ma petite critique est surtout axée sur le contenu, mais la forme mérite aussi le détour : les passages très années soixante dix, en caméra super 8 son formidables...Et en plus, ça accentue cette idée de monde fini : le monde des trente glorieuses...Et la performance des acteurs ! Depardieu, Moreau, Adjani...Incroyable !
Bonjour Suzanne,
Vous m'en direz des nouvelles ! Je crois que les avis peuvent être très tranchés : on peut franchement détester, aussi...
:)