Vœux présidentiels

On a appris il y a peu que les vœux présidentiels étaient en général testés sur un panel de téléspectateurs type qui, selon ses réactions, permettait d'ajuster le tir, de rectifier les phrases et les tournures, d'arrondir les intonations, de couper, d'affiner, de choisir les mots...

Normalement, dans ce show, on ne peut pas attendre de surprise, mais des communicants ont déjà laissé passer des bourdes et certains "auteurs " du président ont la plume un peu lyrique parfois.

Par exemple, une fois, il a dit, à la surprise générale, et même à sa propre surprise, que "le problème de l'Afrique et des Africains, c'est qu'ils n'étaient pas assez rentrés dans l'histoire"

Imaginons que ce soir, à la dernière minute, le discours ait été changé. Imaginons qu'un auteur audacieux ait glissé dans le prompteur quelque phrase à la rhétorique enflammée et que le président n'ait pas eu le temps de bien relire.

Imaginons le discours.

"Chères Françaises, Chers Français, en cette fin d'année, je viens, comme chaque année vous présenter mes vœux les plus sincères de bonheur et de réussite.

Pour cette année 2010, alors que nous rentrons dans une nouvelle décennie, nous nous engageons dans un nouveau défi : l'environnement.

Comme vous le savez déjà, le conseil constitutionnel a refusé la mise en place de ma taxe carbone. Cette taxe avait pour but premier de renflouer les caisses de l'État. Comme il est hors de question que nous remettions en cause le bouclier fiscal et comme nous allons bel et bien supprimer la taxe professionnelle après les régionales pour sanctionner la gauche dans les régions, alors, l'année 2010 sera aussi difficile que l'année 2009.

Car oui, l'année a été difficile, mais ça y est, nous sortons de la crise. D'ailleurs, nous avons mieux résisté à la crise que le reste du monde.

Alors, chers compatriotes, ne vous plaignez pas. Ce qui nous a permis d'affronter mieux cette crise mondiale, c'est précisément le service public, le système de santé et le système social que nous sommes, par ailleurs, entrain de détruire systématiquement.

Si nous détruisons ce système, qui nous a permis d'être plus forts dans la crise, c'est parce qu'il n'y a pas de raison qu'on soit mieux que les Anglais.

Faisons l'Europe ensemble, faisons l'Europe en nivelant par le bas.

Pour finir, je pense à tout ceux qui sont dans la misère et dans le dénuement : évidemment, il ne tient qu'à eux de travailler plus pour gagner plus. Le temps des promesses n'est pas encore venu. Mais vous verrez, l'année prochaine, alors que nous apercevrons doucement se dessiner 2012 et la présidentielle, je réaffirmerai avec force mon souhait de ne plus voir un seul SDF dormir dehors en hiver.

D'ici là, il y a les restos du coeur.

Bon appétit à tous. Carla m'attend et Mohamed VI a fait préparer un couscous royal...Je vous raconte pas. Je crois qu'il a remplacé la semoule par du caviar, ça va être divin...

CC