17 juin 2009

Les mots de la démotivation...

Une fois n'est pas coutume, il faut que je parle un peu de moi.

Je n'aime pas bien ça, en général.

En fait, ce n'est pas de moi, que je veux parler. Plutôt de mes élèves.

Cette année, j'ai deux classes de troisièmes. Le 30 juin et le 1er juillet, ils devront passer le brevet des collèges.

Ils ont passé le brevet "blanc" pour s'entraîner, à la fin du mois dernier et parmi mes quelques 40 élèves, seulement 6 l'ont obtenus.

C'est un désastre.

Malgré tout, ils sont bien plus sereins que moi. Pour tout dire, ils s'en contrefichent. Et plus le brevet approche, plus je m'inquiète, plus je m'agite, plus j'essaye de les remuer, sans résultats.

Je me fais dix mille fois plus de souci qu'eux. C'est con...

Ils ont environ 7 de moyenne générale et beaucoup demandent une seconde générale, bien sûr...

Et ils sont très en colère qu'on leur ait dit non au conseil...

Pour eux, le brevet ne sert à rien, les études ne servent à rien.

L'autre jour, je leur ai dit que même pour être facteur, il fallait le brevet, pour avoir le droit de passer le concours.

Ils ne m'ont pas crue...Ils ont ricané : "Facteur ? Pour mettre des lettres dans des boîtes, il faut avoir le brevet ? Mais ça sert à rien..."

Je dois être encore trop "tendre"...ça me fait chier, ce manque d'intérêt pour tout...

Et puis il me semble que l'année dernière, ils n'étaient pas aussi...désespérés...

En fait, je me demande dans quelle mesure, c'est pas un peu le contexte de crise qui les pousse à la déprime...(parce que je pense qu'ils sont déprimés : ils ne s'intéressent à rien, ont le regard vide, sont perdus dans des pensées...à moins qu'ils se droguent...ce qui est possible, aussi...)

Il est vrai qu'ils ont tout sans rien glander : télé dans la chambre, console de jeux, téléphone portable...

Mais j'habite dans une région vraiment touchée par la crise, (industrie auto) et je suis dans un bahut RAR (Super ZEP)...

Beaucoup de parents se sont retrouvés au chômage durant ces derniers mois et pour un ado être le seul à se lever le matin pour aller au collège, ça doit pas être hyper motivant...

Évidemment, c'est pas une raison pour leur trouver des excuses...Mais je cherche juste à comprendre...

                                                                               ***

Elodie Ruillier sera en concert le 30 juin au Zèbre de Belleville mardi 30 juin 2009, à 20h30.
 




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11 commentaires:

  1. Ce n'est que très peu conjoncturel je crois. J'ai l'impression que depuis des années les élèves de troisième sont larvaires, voire l'ont toujours été ?, même dans les collèges de niveau moyen ou bon. Hormones, se donner un style, faire des bêtises plus ou moins grosses (et plus ou moins bêtes) et des expériences avec l'alcool, la cigarette et la drogue commencent souvent cette année-là (ou ont commencé avant, mais s'accentuent alors), non ?
    D'où le regard et le comportement du "franchement cela ne sert à rien d'être ici, c'est plus marrant dehors".

    Le pire, c'est que je m'étais mise à me dire la même chose qu'eux.

    J'avais trouvé que plus qu'une génération désenchantée, c'était une génération fatiguée avant l'âge. Et c'est encore plus désespérant quand tu es de l'autre côté du livre...

    Courage, je suis certaine qu'il va y avoir quelques bonnes surprises...

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  2. Bonjour Chouyo,

    Je n'ai que très peu d'expérience, en matière de troisième : c'est la deuxième année seulement que j'en ai ! Mais l'année dernière, même si je n'avais pas une classe de lumière, ils me semblaient plus motivé ou en tout cas, un peu moins mous...

    En tout cas, que ce mois de juin me semble long...Interminable...

    Bises

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  3. (avec des -s, là où il en faut...je vous laisse faire l'ajout...
    ...Fatiguée la prof...Très...)

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  4. ouais le brevet, ils prennent en compte les notes de l'année, non ?

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  5. Bonjour Gaël,
    Oui, bien sûr, ils seront beaucoup plus à l'avoir que le brevet blanc...Mais quand même : à à 7 ou 8 de moyenne annuelle, ça fait des points à rattraper...

    Ce qui est inquiétant, aussi, c'est qu'ils seront pas mal, après la commission d'appel, à passer quand même en seconde avec ce niveau épouvantable...Et ils continueront leur petit bonhomme de chemin, sans bosser, mais en réussissant quand même...A quoi bon bosser...

    Pffff...

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  6. On a pas fini d'entendre les profs de lycée maudire leurs collègues de collège...
    Le brevet pour être facteur ça me fait penser à la Princesse de Clèves...
    Et vive la reconquête du mois de juin, merci qui?

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  7. C'est bien de lire cet instantané de la vie quotidienne vue de l'intérieur. Ce n'est pas du TF1. Et pourtant... bougeant beaucoup, ayant parlé de tout cela avec allemands, anglais ou néelandais, tous insistent sur la courtoisie, l'éducation des ados en France...
    Consolez-vous en vous disant que c'est pire ailleurs!
    Et pourtant je partage ce désespoir, cet effritement, cette impression de lutter contre des moulins à vent. Mais vous donnez beaucoup plus que vous ne croyez. C'est le drame des profs: ne pas comprendre que ce qu'ils sèment n'est pas compris dans l'instant. Vous faites un travail superbe, on ne vous remerciera jamais assez. Quant à moi, mauvais élève rebelle, c'est bien après que j'ai compris. Je n'ai pas oublié beaucoup de visages de ces profs pourtant maintenant si lointains dans le temps. J'espère qu'ils me pardonneraient ce que je leur ai fait subir...
    J'en suis sûr parce qu'ils se son battus pour que je devienne "quelqu'un de bien;"
    Je crois, j'espère qu'ils ont réussi.
    Au nom de tous ces petits cons qui vous pourissent la vie, je veux vous dire: On vous aime, ne baissez pas les bras!

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  8. Eh bien justement, si je peux me permettre, tu devrais plus souvent parler de ça, de toi, de tes élèves. Parce que tu le vis, toi, et que ça nous intéresse. Ou devrait nous intéresser. C'est essentiel.

    Parce que, au fond, on donne notre avis via des billets (subjectifs et/ou partisans - Ca sert à quoi ? - Le blog influent est une chimère, ça n'existe pas ..) sur, au hasard, Sarkozy, mais je crois vraiment, que ce sont des témoignages comme celui-ci qui peuvent nous aider.

    Je crois, vraiment, à ça.
    Il me semble que c'est plus intéressant, tellement plus important que nos élucubrations ou nos oppositions systématiques.

    Là, y'a du vécu, des questions. Ce qui est triste, un peu, c'est que ça ne soulève pas plus de commentaires.
    Un débat.
    C'est vraiment dommage.

    Merci.

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  9. La ministre du Tourisme de Berlusconi écoute l’hymne national italien, puis, quand l’hymne s’arrête, elle fait le salut fasciste.
    Michela Brambilla a provoqué un tollé dans la Péninsule.
    Lors de la fête des carabiniers, début juin à Lecce (sud de l’Italie), la ministre du Tourisme a fait le salut fasciste à la fin de l'hymne national italien.
    Son père, qui se trouvait à sa droite sur l'estrade, en a fait de même.

    http://www.lematin.ch/actu/monde/ministre-fait-salut-fasciste-133930

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  10. HS/ Merci beaucoup BA, votre copié-collé a un lien direct avec l'article, en effet ! Clap clap ! J'espère que l'administrateur de ce blog fera le ménage car ce genre de troll gauchiste est "insupportable". /HS

    Sinon, pour les ados qui seraient des idiots, eh bien, non il n'en a pas toujours été ainsi, manque de pot CC, ça tombe sur vous (votre génération de profs, je veux dire). Et non, ce n'est pas QUE la faute de TF1 (rapport à l'allusion-cliché, tout aussi "idiote" que ces ados ou leurs parents, du commentaire d'HERMES), c'est une conséquence multiple dont il serait vain de vouloir isoler les parties sinon en rêve (autant vouloir boucher un trou dans la coque pendant qu'un autre trou est percé à côté au même rythme ; d'autant qu'à l'Education Nationale, "on" a laissé beaucoup de trous être percés avant de s'en inquiéter, il y a donc un gros retard à rattraper).

    Je crois qu'ON ne s'en tirera pas si on ne met pas tous un frein brutal à l'utilisation de clichés faciles qui n'apportent rien mais brouillent au contraire le message ( du moins jusqu'à ce que la santé du patient soit rétablie ).

    ( <-- est-ce un cliché ? Est-ce un cliché facile ? Est-ce un cliché facile qui n'apporte rien ? La question sur la nature du cliché ne brouille t-elle pas autant la fin de mon commentaire que l'usage du cliché lui-même ? Etc etc etc. CQFD).

    Il faut accepter de revenir aux fondamentaux, quels qu'en soient les sacrifices. Car, à force d'expérimentations, on ne sait plus distinguer le fondamental du secondaire.

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  11. C'est triste mais tellement vrai!!!

    Je ne suis pourtant pas vieux (< 40 ans), mais lorsque je constate le fossé, que dis-je, le canyon, que dis-je l'océan qui me sépare de cette "jeune" génération, il faudrait revenir à la génération de mon arrière-père pour trouver une telle difference (encore que...).

    Quand à comprendre pourquoi; pourquoi un jeune se donnerai-t-il la peine de travailler dur pour obtenir un dîplome alors qu'il sait que cela ne lui apportera rien de plus qu'un analphabête?

    Je m'explique :
    Je fait partie d'une famille nombreuse entre les cousins et cousines (environ une trentaines de personnes)tous ont le bac et plus (le niveau va du bac+2 minimun à l'ingénieur jusqu'au thésar).
    Jolie palmares n'est-ce pas?
    ¨
    Pourtant à l'heure des comptes : moins de la moitiée demeure encore en france. Les autres sont tous partis en courant de la métropole à la faveur d'un mariage ou d'une opportunité de travailler mieux ailleurs.

    Quand à ceux qui restent; ce sont les deux pauv' couillons les moins diplômés (bac à la sortie de l'école et échec aux études) qui ont la situation la plus stable grâce à l'entrée dans la fonction publique, (sans êtres les plus riches se sont les plus "sereins").

    Quand à la portion qui reste; la plus diplômée (deux doctorats s'il vous plaît) n'a signé son premier contrat en CDI qu'à l'âge de 35 ans payé au smic (heureusement son mari est là pour lui éviter de manger au restau du coeur). Les autres se partagent entre une vie de galère, d'espoirs déçus et de petites victoires vite dépassées par les évènements, mais avec leurs diplomes s'il vous plaît (pour faire simple).

    Si l'ont tient compte du fait que je fait partie d'une famille typique issue de la classe moyenne sensée être le ventre mou de la société, quel espoir voulez-vous donner à des élèves de troisième issue de la classe dite défavorisée devant ce triste résultat dont il n'ignore rien?

    Ils ne sont pas "c..", juste un peu réaliste....

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