2 mars 2019

Premier Français d'en haut, François d'en bas

Je viens de terminer le bouquin de François Ruffin. Ce Pays que tu ne connais pas. C’est un pamphlet, un brûlot, c’est une écriture vive, sous le coup d’une colère, mais d’une colère qui vient de loin. Pas une colère violente et haineuse. Non. Une de ces colères qu’on traduit par un sourire en coin. Une colère qu’on a maîtrisée parce qu’on a cherché à la comprendre.

La comparaison entre deux parcours, entre deux hommes de la même génération, des mêmes origines sociales, de la classe moyenne, plus ou moins, des mêmes origines géographiques, est saisissante. Quand on est, justement, de la même génération, qu’on a vécu les fragments d’une histoire commune, il est véritablement saisissant de constater qu’il est plus simple de s’identifier à François qu’à Emmanuel. Ce n’est pourtant pas un portrait à charge, malgré les différences. En tout cas pas uniquement. C’est un texte qui cherche à comprendre qui pose des questions, qui interroge sur l’humanité, sur l’empathie, sur le sens de l’engagement, sur le sens de l’intérêt général. Si François a tendance à se présenter comme un chevalier blanc, s’il dépeint Emmanuel comme un Robin des Bois à l’envers, ce n’est pas sans faire des parallèles, sans vouloir expliquer comment le milieu, les centres d’intérêts, la nature profonde de chacun peut influer sur un destin. Et François montre de nombreuses fois comment on peut perdre pied avec la réalité : combien il lui est plus compliqué, aujourd’hui, d’échapper à une commission à l’assemblée pour être auprès d’un homme qui a besoin de lui pour défendre le dossier de sa fille autiste. Combien on peut, si l'on y prend garde basculer du loup de la fable vers le chien...

Ce qui est saisissant, dans ce livre qui se lit d’une traite, ce sont les allers retours entre la France des gilets jaunes et la France d’en haut. La France des contrats précaires, des CDD à 800€, souvent à moins encore, des auxiliaires de vie, des femmes de ménages, de celles qui élèvent seules leurs enfants, de ceux qui se cassent le dos dans des boulots mal payés, contre la France des villas, des yachts, des paradis fiscaux, des dîners chics. La France des Bernard Arnault, des Xavier Niel, des Henry Hermand, contre la France des Marie, des Zoubir, des Patrick. Les petites phrases d’Emmanuel sont là, en filigrane : “Ceux qui ont tout et ceux qui ne sont rien”. C’est la culpabilisation de ceux qui ne s’en sortent pas, qui n’auraient pourtant qu’à “traverser la rue”. C’est le mépris de celui qui a réussi et que rien, ni personne, jamais, n’est venu remettre en cause, enfermé dans son tout petit cercle de gens très influents et très riches (1%)  et qui ne vient “au contact” du reste des Français (99%) que très brièvement. Toujours en parlant, jamais en écoutant. C’est encore plus flagrant, jour après jour, quand Macron vient faire son show, souriant, tellement souriant, dans des débats où il décide de ne pas parler du coeur du sujet, c’est-à-dire, l’injustice fiscale qu’il a lui même fait grandir.

Le danger d’un pamphlet, c’est le manque de nuances. Et parfois, François tombe dans ce travers. La description d’un Macron en écrivain raté, en artiste qui a mal tourné, la tentation du point Godwin, la comparaison suggérée avec Hitler (sans le citer, mais on ne peut pas éviter d'y penser) n’est pas forcément très fine et très nécessaire. Cependant, la constatation qu’Emmanuel n’est pas à la hauteur de ses références, qu’il trahit, d’une certaine manière, ses ambitions littéraires et surtout les références et la belle culture transmise par sa grand-mère, c’est un constat assez juste. Comment vénérer Eluard, René Char, comment se référer sans cesse à Paul Ricoeur et finalement faire des discours plein des poncifs néo-libéraux, qui n’ont rien de très “néo” puisqu’ils sont les mêmes depuis des siècles.

Enfin, le livre est parfois brouillon, il part dans tous les sens, il mélange les sujets. On sent l’urgence, dans l’écriture et dans la construction, surtout dans les dernières pages. Mais c’est l’Histoire qui est entrain de se construire. C’est aussi l’écriture d’un homme qui livre ses doutes, sur son action, sur le sens de son engagement. De la suite qu’il y donnera...Et le danger d’établir un parallèle aussi systématique, à la première personne, avec un président en exercice, c’est qu’on pourrait penser qu’il se voit déjà en haut de l’affiche, à la place de celui à qui il se compare...

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9 décembre 2018

Ici gît...les jaunes

Gilles et John
Quelques réflexions qui partent dans tous les sens, dans un billet de blog trop long...intitulé avec un mauvais jeu de mots. Par avance, toutes mes excuses. (ou plutôt, ceux qui ne veulent pas s'embarquer dans cette galère, zappez sans attendre !)

Le vrai coeur du problème, c’est la représentativité.


Et il y a deux mouvements qui semblent contradictoires :

Légitimement, le peuple se sent trahi par ses représentants. Ce même peuple, d’ailleurs, depuis plusieurs années, ne vote plus pour ses représentants, ni politique, ni syndicaux : par l’abstention, par le désintérêt pour la chose politique, le peuple a coupé les ponts avec ceux qui les dirigent. Évidemment les torts sont partagés : la classe politique s’est trouvée assez heureuse d’avoir le pouvoir sans partage avec le peuple, de se sentir, peut-être, un peu moins redevable devant des électeurs qui ne se déplaçaient pas pour voter pour eux. Tant que ça passe…Et la représentativité s’en est trouvée érodée des deux côtés.


C’est une première rupture : “Nous sommes élus”, disent les uns, “Nous n’avons pas voté pour vous”, répliquent les seconds.


La démocratie s’en est trouvée amoindrie.


C’est aussi ce qui a permis à Macron d’arriver au pouvoir sur l’idée qu’il pouvait s’appuyer sur une société civile, sans parti politique traditionnel. C’est déjà le début d’une démocratie illibérale. Surtout qu’avec une majorité confortable à l’assemblée, Macron a quand même décidé de faire passer ses premières mesures sur ordonnance. En se passant donc de la représentativité et de la discussion classique des lois. Pour être honnête, Hollande avait déjà fait la même chose avec le 49.3.


Deuxième mouvement contradictoire. Le peuple qui ne s’était plus intéressé à la politique depuis des décennies, par le biais de quelques poignées de gilets jaunes, semble vouloir revenir aux affaires et demande l’accès à une démocratie directe : référendum d’initiative populaire, disparition des corps intermédiaires, dissolution du sénat.


Ce que dit Hervé Le Bras à ce sujet est intéressant : il explique que c’est ce qui nous conduira directement à un régime autoritaire. Là aussi, en fait, cela risque de nous conduire à une démocratie illibérale. Car on se passera encore plus des corps intermédiaires, de la discussion, de la représentativité. On mettra le peuple devant les décisions. Comme quand on enlève le maillon “syndicat”, dans une entreprise : le travailleur est directement aux prises avec le patron. Or, le code du travail devient souvent, dans ce cas, l’arme du plus fort. De celui qui le connaît mieux et qui sait s’en servir à son profit. Un syndicaliste (quand tout se passe bien) c’est celui qui a du temps pour connaître le code du travail et défendre les travailleurs. Tout comme le député est censé connaître les lois, les comprendre, les voter dans le sens de l’intérêt général, en fonction du peuple qu’il représente.


Mais les gilets jaunes veulent pouvoir se passer de toute représentativité et c’est exactement ce que demandent à la fois Mélenchon et Le Pen. C’est ce que veulent les extrêmes, pour des raisons différentes. Sans doute un peu par angélisme pour Mélenchon qui veut croire que le peuple saura prendre les bonnes décisions pour lui-même et qu’on peut l’éduquer dans ce sens...Et sans doute, pour Le Pen, par calcul sombre, en se souvenant que si l’on avait voulu faire passer la l’abolition de la peine de mort, l’accès à l’avortement ou le mariage pour les couples de même sexe par référendum, on tuerait encore sur l'échafaud et avec des épingles à tricoter et on n’aurait moins d’invitation pour des mariages gais.


Crier au fascisme est stupide car ce n’est pas exactement ce qui se dessine : le populisme qui s’est mis en place en Hongrie, en Pologne, en Turquie, en Italie, en Russie, aux Etats-Unis (la liste commence à être longue), ce n’est pas précisément le fascisme. C’est juste une démocratie qui s’érode. Dans laquelle on n’a plus tout à fait le contrôle des choses, où l’opinion publique, les sondages, gouvernent plus que le parlement.


“Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser.” écrivait Françoise Giroud.


Le problème de vouloir diriger avec le peuple directement, c’est que le peuple n’est d’accord pour rien. Comment unir les 40 gilets du rond point de L’Isle-Sur-Le-Doubs avec les 35 du rond point de Belley et avec les 50 du péage de la Barque, près d'Aix-en-Provence ? Ils sont sans doute animés par des raisons très différentes. Comment unir les revendications de la carpe et du lapin ? Si beaucoup réclament sans doute le retour de l’ISF, sont-ils d’accord, ensuite, sur ce qu’il faudra faire de cet argent ? A qui le donner ? Est-on d’accord pour plus de services publics ? Lesquels ? La police ? Les infirmières ? Les professeurs ?


Et puis récupérer de l’argent peut se faire là, mais il peut aussi se faire ailleurs. Faut-il profiter du mouvement pour demander la fin du RSA, l’arrêt complet de l’immigration ?


La société est plus que jamais morcelée dans ce mouvement. Les gilets jaunes ruraux, éloignés des services publics ne vivent pas du tout la même réalité, n’ont pas du tout les mêmes repères que les gilets jaunes d’une région industrielle qui a perdu 30 000 emplois en 30 ans. La misère n’a pas tout à fait la même couleur ici ou là. Comment unir ceux qui disent “peuple d’assistés, la gauche a trop donné, le niveau baisse, l’éducation nationale est pourrie, il faut moins de taxes et moins de services publics” et ceux qui disent “on nous donne rien, on nous prend tout : on nous taxe jusqu’à la moelle et on n’a pas de quoi faire le plein et remplir le frigo.”


Refaire peuple, voilà le défi de Macron, unir la carpe et le lapin, qu’on se plaît à opposer depuis des années. On a divisé pour mieux régner, mais on a mal dosé la division : il semble maintenant impossible de régner…
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2 décembre 2018

Graine de gilet jaune

J'ai écrit un roman qui trouve aujourd'hui écho dans l'actualité. Les points communs et les parallèles
sont si nombreux que j'en suis effrayée.

J'ai placé l'intrigue de cette fiction de proximité en 2022. Mais je décris le morcellement de la société qui est la nôtre. Je décris l'éloignement du peuple et de ses élites. De l'individualisme qui nous ronge et qui est encouragé par le ruissellement de libéralisme qui nous vient d'en haut.

Auto-entreprenez, repliez-vous sur votre téléphone portable. Ne relevez pas la tête, ne sortez pas de la zone de confort de votre petit groupe, de votre petit quartier, de votre petite religion. Formez des petits groupes d'intérêt, ne vous souciez pas de faire une société. Consommez. Ne participez pas au débat national, n'allez pas voter, ne faites pas parti d'un syndicat ou d'un parti politique. Ne vous souciez pas des autres.

Dans ce roman sorti en août dernier, je fais un tableau assez fidèle, je crois, de ce que nous constatons aujourd'hui, avec le mouvement des Gilets Jaunes : quand soudain, autour d'un motif ou d'un autre, on décide de faire combat commun, on peine à se mettre d'accord, on se retrouve sans pouvoir se parler, sans pouvoir organiser une parole sensée, construite, commune. Sans trouver un consensus, au coeur du commun combat.

Et pourtant, ce combat n'est pas stupide : il pose sur la table le contrat social, ce qui devrait fonder une nation toute entière. La question est celle de la juste répartition du gâteau commun. La question que posent les protestataires, le plus souvent - ne prenons pas en compte la multiplicité des paroles à scandale rapportées par des journalistes à la recherche d'audience -, c'est comment découpons nous le gâteau commun ? Pourquoi, pour qui payons-nous ?

La question mûrit depuis longtemps déjà dans notre pays : est-ce que je paye vraiment pour donner de l'argent sans contrepartie à des entreprises du CAC40, dans le cadre du CICE ? Est-ce que je paye vraiment pour qu'on supprime l'ISF aux plus riches des plus riches ?

Est-ce que je suis en droit d'attendre qu'on m'aide, moi qui ai l'impression de payer pour tout ? Moi qui fais partie de cette fameuse classe moyenne qui trime ?

Est-ce que ce sont les autres qui sont des assistés ? Est-ce que, vraiment, ce sont ceux qui sont au RSA qui sont à blâmer, parce qu'ils font la grasse matinée quand je me lève tôt pour aller travailler ?

Ces questions sont légitimes et le pouvoir les balaye d'un revers de main, pour l'instant. La toute petite classe dominante qui nous dirige ne prend pas l'ampleur de la révolte qui gronde. L'oligarchie au pouvoir donne l'impression d'avoir perdu le contact avec les réalités multiples qui composent notre pays. Et cela transparaît de nombreuses fois dans les discours qu'ils tiennent : nous hésitons entre ignorance et condescendance pour "ceux qui ne sont rien", selon Macron lui-même. Et pour ceux qui "fument des clopes et roulent au diesel" comme le dit le secrétaire d'Etat à l'économie, Benjamin Griveaux, nous hésitons entre le mépris de classe ou la haine.

Quand un ministre se plaint des restaurant à 200 Euros, quand on décide, à l'Elysée, de faire des travaux pour redorer un peu les ors de la République, on a tendance à penser à Marie-Antoinette. Dans une société médiatique du symbole et de l'anecdote, quand tout se sait instantanément sur les réseaux sociaux, il faut avouer que ce genre de petites nouvelles passent pour des bourdes impardonnables.

Sont-ils idiots à ce point, si mauvais en communication, ceux qui nous dirigent ou sont-ils tellement déconnectés du monde ? N'ont-ils pas compris que seules ces petites saillies à buzz parviennent aux oreilles saturées des gens ? Que la plupart d'entre nous n'en peut plus de la parole politique ? Qu'elle est décrédibilisée, après avoir été bafouée pendant des années ? Qu'elle n'a plus de sens au point de n'être même plus audible ? Il en va de même des exigences de l'opposition ! Tous dans le même sac, répondra-t-on !

C'est une crise de la représentation politique. Une crise qui couve depuis des décennies d'abstention et de vote protestataire d'extrême droite.

Nous n'en sortirons pas tant que nous ne ferons pas à nouveau société. Tant que nous n'aurons pas les moyens de reprendre le contrôle collectivement du contrat social. Tant que nous n'aboutirons pas à un consensus sur le sens de notre nation. C'est par le biais de l'argent, des parts du gâteau qu'il faut répartir équitablement, que le débat a été lancé. Mais les valeurs que cela engage, ce sont celles de la justice, de l'égalité, de la fraternité. C'est le sens même de la liberté qui est mis en cause. Où s'arrête la liberté, où commence le libéralisme ? Comment rendre leur sens à ces mots inscrits au fronton de nos mairies ?

Tant qu'on ne mettra pas cela au coeur du débat, tant qu'on ne prendra pas des décisions qui remettent au coeur de la chose publique la notion d'intérêt général, nous ne parviendrons pas à résoudre les problèmes qui nous animent.

Et la sinistre prophétie de mon roman se réalisera : un parti d'extrême droite sera élu aux prochaines présidentielles.
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26 septembre 2017

Ni oui, ni non de l'enclos...

Depuis que je suis élue, je me pose en permanence des questions sur la façon de faire de la politique, sur ce que cela signifie. Je tiens ce blog depuis longtemps, bien avant le début de ce mandat, mais j'avais une liberté d'écriture parce que je n'avais pas cette responsabilité.

Depuis, je me pose sans doute trop de questions. C'est vrai, après tout : depuis Sarkozy, on fait de la politique autrement. Les grands élus nous montrent l'exemple et c'est un vrai festival. On ne se gêne plus pour dire "Casse-toi pauvre con !" quand l'envie nous en prend. Et d'autres exemples ont suivi. Traiter les Français de fainéants, quand on est président de la République, au fond...où est le problème ? On constate aussi que ces petites saillies sans grand intérêts et sans contenu politique réel sont les préférées de la presse. Celles qui font vendre du papier et pépier à l'infini le petit oiseau bleu.

Au niveau local, j'ai parfois cru, bien naïvement, que les choses étaient un peu différentes. Qu'on pouvait agir et éviter les polémiques stériles. 

Mais non. 

Aujourd'hui, par exemple, je lis un article d'une demi page dans la presse locale au sujet d'une demi phrase prononcée lors d'un débat du PS. Luc Carvounas qui avait échangé pendant une heure sur la nécessité de refonder le PS, de réunir les forces des volontaires pour construire ensemble ce parti, a fait un trait d'humour :
"On a besoin de toutes les énergies, y compris les brebis égarées. Si elles reviennent, elles iront à l’enclos..."

Une phrase bien anodine. Mais visiblement, quelques anciens du PS passés LREM se sont sentis visés. On a lu que cette phrase rappelait des moments bien sombres de notre histoire, on a lu que ces propos allaient à l'encontre de la laïcité (sic) puisqu'ils évoquaient une parabole biblique, on a lu que ces propos étaient sectaires...

C'est étonnant, que ces élus ex-PS et nouvellement En Marche (ou pas, parce que ce n'est pas le courage politique qui les caractérisent) se sentent visés. Voudraient-ils déjà revenir ? S'ils retournent encore une fois leur veste, il y a des chances pour qu'elle craque de tous côtés, non ?

Ou alors, cette micro tempête dans un verre d'eau n'a t-elle pour but que d'éviter de répondre aux questions sérieuses ? Celles sur la CGS, les APL, les emplois aidés, les baisses de dotation aux collectivités (dans lesquelles ils sont élus sous l'étiquette PS) ? Bref, l'unique but est de ne pas parler de politique.

Quel dommage !

CC
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8 juillet 2017

Des mesures symboliques

Les premières mesures d'un gouvernement sont forcément symboliques. Elles donnent le la pour la suite du mandat. 

Durant la semaine qui vient de s'écouler, nous avons eu droit à quelques annonces choisies.

Tout d'abord, le retour du jour de carence chez les fonctionnaires. 

Instauré par Sarkozy, supprimé par Hollande, le voilà de retour. Rappelons que près de 65 % des salariés du privé n'ont pas de jours de carence, puisqu'il est payé par l'employeur. Ces 65 % de salariés sont ceux des grandes boîtes. Pour les 35% restants, oui, il y a trois jours de carence. C'est là que se situe l'injustice, pas l'inverse. Pour les fonctionnaires, qui sont employés par l'Etat, on découvre avec stupeur que notre employeur se compare à une TPE. C'est décevant. Déjà que les salaires sont bloqués depuis 35 ans et qu'à niveau d'études égal, les fonctionnaires sont loin de toucher autant que dans le privé. Mesquin. En plus, la mesure ne fera économiser qu'environ 150 millions à l'Etat. Sur le budget total, c'est ridicule.

Dans le même temps, le gouvernement annonce la fin de la taxe sur les hauts salaires.

Cela concerne essentiellement les traders, le monde de la finance : les salaires dépassant 153 000 Euros brut par mois ne seront plus taxés à hauteur de 20%. Et en prime, on prévoit d'ouvrir deux lycées (publics) internationaux dans la région parisienne pour chouchouter les magnats de la finance qui décideraient de venir faire du fric en France. A mon avis, la dépense va bouffer largement les quelques économies réalisées grâce au jour de carence.

Si ces deux annonces ne sont pas de beaux symboles de la ligne de conduite du gouvernement...

Enfin, il y a eu une annonce rigolote de Monsieur Hulot, qui nous promet des moments aussi surréalistes que les films de Tati : il nous promet que dans 23 ans, toutes les voitures diesel ou essence seront à la casse. 

S'engager pour les 23 ans à venir, dans un domaine où les industriels mènent la danse, c'est un peu léger. C'est parfaitement l'illustration de la parole politique qui ne sert à rien. Mais, ma foi...il a peut-être obtenu des infos auprès de ses amis industriels, puis qu'il nous a été confirmé dans la semaine qu'il faisait des profits énormes en vendant ses gels douche - même pas bio, au passage. Espérons au moins que les produits Ushuaïa ne contiennent pas de perturbateurs endocriniens, parce que sur ce sujet aussi, on ne pourra pas compter sur l'engagement de Monsieur Hulot.

Donc, si nous résumons un peu, on retient trois messages : (on répète après moi)
- Haro sur les fonctionnaires, ces profiteurs privilégiés !
- Vive la finance et les profits insensés pour les copains des banques !
- Et euh...l'environnement ? On s'en fout !

CC


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27 juin 2017

Défendre les dindes et Noël en même temps...

Hier soir, on a cru un instant que la situation s'était enfin éclaircie.

Le premier secrétaire fédéral du Doubs publiait un communiqué de presse qui semblait enfin rendre la situation plus nette : le député fraîchement élu ayant fait un choix en entrant dans le groupe "En Marche" à l'assemblée, il n'était plus membre du PS.


On était soulagé, même si on avait une pensée émue pour tous les militants PS qui avaient tracté pendant la campagne, en pensant soutenir un candidat de gauche et qui se retrouvaient sans doute pour la première fois de leur vie, militant d'un parti de droite. 

Mais voilà. Rien n'est simple en politique. Le député n'accepte pas le fait qu'on ne peut pas être En Marche et PS en même temps. 

Le concept "en même temps" échappe largement aux gens de gauche : peut-on être en même temps pour les travailleurs et contre les acquis sociaux ? Pour la protection de l'environnement et pour les néonicoïdiques ? Pour le mariage pour tous et pour les ministres homophobes ? Pour la protection des retraités modestes et pour la hausse de la CSG ? Pour le CCAS et les politiques sociales locales et pour les baisses de dotations aux collectivités ? 

Solidaires des agneaux le jour de l'Aïd ? Protecteur des dindes et fan de Noël ?

Selon Frédéric Barbier, on peut, visiblement. Car ce matin, dans le journal, surprise !




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24 juin 2017

On parle un peu de politique ?

Une question se pose, maintenant que toutes les manipulations techniques ont été faites et que le travail du gouvernement va pouvoir enfin commencer : est-ce qu'on va parler enfin de politique ? Est-ce qu'on va pouvoir parler du fond, de la philosophie, du projet ? 

Bref, des choix de société ? 

Parce que pendant les deux campagnes, on a mis ça sous le tapis : avant la présidentielle, Macron nous a expliqué que ce n'était pas le projet qui comptait. Pendant la campagne des législatives, les candidats En Marche nous ont expliqué qu'ils étaient avant tout "le renouveau, la société civile, porteurs d'un espoir..." et ils ont enfilé les perles à l'infini en évitant à tout prix de nous parler de la loi travail, de la hausse de la CSG, de la baisse des dotations aux collectivités...

Quand des journalistes faisant leur boulot ont essayé de voir ce qui se préparait de ce côté-là, on s'est empressé de nous faire croire qu'ils se trompaient. Le coup classique du ballon d'essai, technique éprouvée par Sarkozy depuis 2007 : on lance des rumeurs et on voit ce qui se passe. Et les gens s'habituent progressivement à l'idée de se faire avoir. 

Parce qu'il y a des chances pour qu'on se fasse avoir. 

En tout cas, il ne faudra pas attendre beaucoup de social dans ces nouvelles lois. 

Sur le terrain, j'attends beaucoup les positions de notre député fraîchement réélu, Frédéric Barbier, qui veut rester "en même temps" au PS et LREM, du moins dans ses déclarations dans la presse locale - si c'est flou, c'est qu'il y a un loup, non ? -, parce qu'il semblerait que la situation soit maintenant beaucoup plus simple : on le désigne partout comme député de la majorité LREM, ex-PS, ayant intégré le groupe LREM à l'assemblée.

Alors ? Est-ce qu'il s'était trompé lorsqu'il manifestait contre la loi El-Khomri ? Ou, en fait, est-ce qu'il manifestait parce qu'elle n'allait pas assez loin dans le libéralisme et la casse du droit des travailleurs ? 

Est-ce que ce député va défendre la baisse des dotations aux collectivités locales et "en même temps" se définir comme "toujours socialiste" ? 

La politique, c'est affaire de convictions et on ne peut pas se contenter de dire "on verra bien"...Et si on doit faire des choix, on ne peut pas se contenter d'un vague "En même temps".

CC



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